dimanche 30 novembre 2008

vendredi 28 novembre 2008

Trois miettes

...


Si un jour je me mettais à classifier tous mes Antonio Lopez ? Le peintre, le photographe, le chanteur, le poète, et chacun sa physionomie.

Si on savait les noms des entreprises qui ont vidé les fosses communes de Franco à Grenade dans les poubelles ? Même la justice voudrait pardonner.

Celui qui a été soldat sait ce que c'est la chair de l'Autre. Il ne rit même pas devant les spécialités du bordel.

nouvelles miettes II

miettes II

...

Les femmes se maquillent quand elles vont au restaurant pour que nous ne les voyons rougir à nos ardeurs d'ivrogne, buveur ou pas.


Je pense que le tableau de Pierre au crayon de couleur "dénonce-moi" était fait d'après pose de Gabriel. C'est dommage d'avoir la moitié de mes livres en Espagne.


Cela peut aider les gens à sublimer leurs instincts, la miette de pensée qui arrête et démolit le serpent dans l'oeuf. Une image allégorique de cette vertu, assez frappante, chez Ripa, était l'infanticide sur la pierre.


La célébrité, elle déteint sur le linge blanc ? Je ne voudrais pas savoir si je passe à la télé, le maquillage obscurcit ma connaissance.


Les bonnes étaient pour l'allemand, et les têtes folles pour l'espagnol, héritage aventurier que l'Espagne a reçu les bras ouverts.


L'espagnol cultivé n'est jamais international, il lui faut réfléchir par la main, comme un peintre, pour se détacher de sa provinciale stupeur.


Un texte non lu n'existe pas. Le tableau, une fois peint, il est quelque part. Cet ordre est renversé de nos jours. Fait apparition le souci du catalogue chez le peintre, et, inversement, le livre peut être stocké dans un monde virtuel qui est l'humus qui le fera germer.



Chatouiller la déesse dans une comblée dévotion, si vous ajoutez la distance qui me rend ma mesure démultipliée, vous aurez l'image de mes rêves.


Le hibou dormait pendant les heures de veille de l'hiver. Un petit oiseau et son chien s'approchèrent chanter à son oreille : ring, ring, ring. Le hibou décrocha une patte et farfouilla des excuses à chaque explication : Je ne me souviens pas. Le chien étant invisible, et ayant été invisible, pur geste de le prendre dans les bras, pure déictique, il n'échappa pas au hibou, qui à peine eut le temps de dire : Je me souviens. Une promesse de se revoir et le début du soir pour ses cogitations.


Si d'une sonnette on pouvait appeler l'infirmière mentale et sexuelle... parfois une clope suffit, ou une tasse de café.


Je me devrais d'arrêter le lettrisme que je fais avec mes miettes ? Il est oraculaire, donc une prospection propre à la science artistique. Je peux sentir la mort et nonobstant la mémoire invente une nouvelle vie. (réflexion à Vince Vintage)

jeudi 27 novembre 2008

Shawarmaness (2)

1)

Quelqu'un qui avait été prisonnier politique dans le Tiers Monde me racontait que les blessures produites par les séances de torture, et que personne ne soignait, c'étaient les larves de mouche qui les nettoyaient, ne mangeant que les parties pourries.

Il avait aussi pour ami un lézard, qui disparut un jour.


1)

Alguien que había sido prisionero político en el Tercer Mundo me contaba que las heridas producidas por las sesiones de tortura, y que nadie curaba, eran las larvas de mosca las que las limpiaban, comiéndose tan sólo las partes podridas.

Tenía tambien por amigo un lagarto, que un día desapareció.

mercredi 26 novembre 2008

Shawarmaness

BILINGUE




1)

Tout malade qui se veut est en vue de décrier sa solitude. La vie nous enlève la supportablilité de notre solitude d'enfant. Il devient urgent, alors, de prendre le cahier et de se plaindre, sur le papier, de notre abandon. Mais il commence à devenir rare celui qui écrit par rapport au nombre de ceux qui s'adonnent au vice. J''ai donné la main à quelque jeune pervertie qui se console de sa cruauté. Mon être est distrait dans ces chocs, et si ce n'était mon corps qui me donnait le souvenir, je ne les retiendrais que par effusion divine. Mais elle écrit, et constamment, juste parce qu'il n'y a pas de solitude, même cruelle, qui ne puisse se passer des lettres. Même l'esclave, enivré par sa misère, demande à l'écrivain de le coucher en écriture. Même lui, qui s'humilie devant les caméras de surveillance à désinfecter le passage des foules.

Le riche voudrait par instants occuper sa place, sous l'empire de la femme, ne concevant d'autres hommages emphatiques, et sur l'écran de sa vie il projette sa soumission à la beauté.


1)

Todo enfermo que se precie está en vistas de protestar de su soledad. La vida se nos lleva la soportabilidad de nuestra soledad de niño. Se vuelve urgente, entonces, tomar el cuaderno y quejarse, sobre el papel, de nuestro abandono. Pero empieza a ser raro el que escribe en relación a los que se dan al vicio. Le he dado la mano a alguna joven pervertida que se consuela con su crueldad. Mi ser se distrae durante esos choques, y si no fuera mi cuerpo el que me diera el recuerdo, yo no los retendría sino por efusión divina. Pero ella escribe, y constantemente, justo porque no hay soledad, incluso cruel, que pueda pasarse de las letras. Incluso el esclavo, embriagado por su miseria, pide al escribano ser consignado en escritura. Incluso él, que se numilla frente a las cámaras de vigilancia desinfectando el paso de la multitud.

El rico querría por instantes ocupar su papel, bajo el dominio de la mujer, no concibiendo otros homenajes enfáticos, y sobre la pantalla de la vida él proyecta su sumisión a la belleza.



2)

C'est pour cela que, même menant une vie d'artiste plutôt chaotique, l'on trouve encore l'impulsion de l'écriture. Qu'il puisse avoir un lien contractuel de notre solitude à une autre, est le sous-entendu du fantasme de l'infirmière dans l'écriture de la chanson Enfermera de noche, de La Mode.

La proximité du démon dans le vice a son dédoublement dans la familiarité du génie chez l'écrivain. On peut ainsi dire qu'il n'y a de solitude sans duplicité.

L'on se sent dans un cachot, abandonné à l'humidité et aux rats. Pourquoi mort et solitude se ressemblent autant ?


2)

Por esto es por lo que incluso llevando una vida de artista más bien caótica, encontramos aún el impulso de la escritura. Que pueda haber un vínculo contractual de nuestra soledad a otra, es el sobre-entendido del fantasma de la enfermera en la escritura de la canción Enfermera de noche, de La Mode.

La proximidad del demonio en el vicio tiene su desdoblamiento en la familiaridad del genio en el escritor. Se puede así decur que no hay soledad sin duplicidad.

Uno se siente en una celda. abandonado a la humedad y las ratas. ¿Por qué muerte y soledad se parecen tanto?


3)

Le solitaire, comme le malade de démence, fustige parfois la nuit des voisins avec une chanson obsessionnelle ou avec ses déambulations sur le parquet.

Le souvenir des femmes entrevues a tendance à se dissoudre dans la vicieuse mélancolie, destinée inévitable de nous tous. Et c'est si sain de se précipiter au monde de l'escalier en criant VIVE LA FEMME. Et c'est si sain d'évoquer ces femmes entrevues pour nos instants solitaires de vice. Il serait important de noter cette prédominance des femmes dans les circuits de la mémoire. Et donc la réminiscence du flirt dans le travail du texte.

3)

El solitario, como el enfermo de demencia, fustiga a veces la noche de los vecinos con una canción obsesiva o con sus deambulaciones sobre el parqué.

El recuerdo de las mujeres entrevistas tiene tendencia a disolverse en la viciosa melancolía, destino inevitable de todos nosotros. Y es tan sano precipitarse al mundo de la escalera gritando VIVA LA MUJER. Y es tan sano evocar esas mujeres entrevistas para nuestros instantes solitarios de vicio. Sería importante anotar esta predominancia de las mujeres en los circuitos de la memoria. Y por tanto la reminiscencia del flirt en el trabajo del texto.

dimanche 23 novembre 2008

Klossowski, encore

récit critique



Pour les personnages sadiens, tantôt c'est la
qualité de la même victime sur laquelle s'acharne,
diversement pratiqué, l'acte de son bourreau, qui
l'emporte sur la notion de l'acte, tantôt c'est le
même acte réitéré qui, exercé indifféremment sur
un quantité de victimes, affirme la qualité de l'acte.

Pierre Klossowski, La monnaie vivante


Musée des horloges, le souvenir des années quatre-vingts espagnoles est une bonne introduction au pourquoi de Klossowski chez moi. Que cela passe par la musique comme méthode de connaissance, essentielle dans ce qu'est la Movida et qui a posé pour l'Espagnol une certaine manière de lire Klossowski, assez éloignée de la méfiance du public français, est, pour l'absence délibérée d'un point d'appui sonore, propice à fournir plutôt des scènes, tout au long de mon évocation de ces années de lecture de Klossowski en Espagne.

Ce furent dans mon cas les quelques années consécutives aux années quatre-vingts qui furent décisives dans ma lecture de Pierre Klossowski.

Ces scènes nous montreraient ceux qui allaient être de leur vivant mes maîtres à penser espagnols, sans négliger la figure de Salvador Dali, qui présidait depuis son rôle transitionnel toute la Movida. Son refus du parti communiste donna lieu parmi les artistes à des bohèmes pour lesquels le snobisme et le dandysme, inutiles chez le révolutionnaire traditionnel, étaient de rigueur. Certains, tel Barcelo dans la peinture, et une pléiade d'avatars d'Orphée chez les musiciens, ont atteint une certaine notoriété.

Ces conditions données, les artistes n'avaient la crainte hypocrite de cacher leur condition de fils de la vieille bourgeoisie ou leur culture pointue et avancée, du moins par rapport aux vieux artistes contestataires, avec une bonne dose d'innovation et de talent. Cela enveloppait dans une ambiance d'euphorie créatrice les jeunes intellectuels tels mes deux maîtres à penser le poète Antonio Lopez Luna et le philosophe Ignacio Gomez de Liano. Mais j'avais suivi le fil qui menait à Klossowski quelque peu avant les rencontrer. Eux d'ailleurs semblaient dépassés par l'état avancé de mes lectures.

L'oeuvre de Klossowski entrait en Espagne alors au nom de l'érotisme et de la liberté d'expression. Ses romans étaient publiés dans une collection de littérature érotique, et ses essais étaient lus comme s'il s'agissait d'une affaire de modernité ou de mode à outrance. Il était le mot de passe d'un certain esprit libertin, et son âge avancée n'était pas perçue, de toutes façons on se le figurait mort jeune. C'était une époque où l'on ne débridait pas sa part de créativité sur la Toile, en soi transparente, mais où ils existaient des oeuvres, des chansonnettes, sur le support d'une matière opaque, tel l'oeuvre unique.

Comment cet état de choses à donné dans nos temps qu'Ignacio se soit penché vers des cercles politiques de droite; et qu'après un ouvrage érudit et monumental dans l'esprit aristocratique et avant-gardiste des années quatre-vingt et quelque peu plus, il ait voulu établir un système philosophique dense dans un autre gros et ambitieux ouvrage, plus près de la tradition anglosaxone, on dirait, ou des tentations simplificatrices d'un Auguste Comte, prenant sur son dos la lourde et inutile tâche de devenir le philosophe du cognitivisme néo-liberal ? Il s'était toujours réclamé de Giordano Bruno, et restait nonobstant assez prudent face au catholicisme espagnol. A-t-il étudié à Salamanque ou à Madrid, ses souvenirs à lui ne coïncident avec la figure de lui en tant qu'enfant terrible ou dandy junior dont faisait état une dame, professeure, qui l'avait connu étudiant ? Elle se sentait prise par lui et son cercle d'intimes telle une moutonne, comme on dit en Espagne. La génération des novisimos n'était pas à l'heure de la majorité des jeunes inquiets, encore, qui se voulaient plus lecteurs de Blas de Otero ou de Buero Vallejo. Puis vint sa condition d'exclu dans le jeu des idées gagnantes, appuyé sur des majorités justement "moutonnes". L'impénétrabilité progressive de son écriture, qui s'offre comme un trésor d'Ali Baba où l'on ne sait à quel bijou s'entretenir d'abord, arrive à son comble dans sa pensée philosophique propre, structurée en paragraphes numérotés, tel le Tractatus. L'esprit est élevé, dans ses descentes dans la philosophie naturelle, et alors l'impénétrable se manifeste dans les implications indiscernables des sous-entendus sociaux et politiques.
On avait la sensation que de Bruno on passait à Machiavel. Tant était l'ambiguïté classique de ses dernières démarches.

Qu'il se soit intéressé en tant qu'éventuel objet d'un livre aux parcours italiens de Stendhal, prouve le versant moderne de son érudition. Et encore plus la thèse inouïe qu'il arbore dans son opera magna préalable à l'entrée en philosophie, à savoir le tracé grec de type mnémotechnique du mandala tibetain, propre à un génie plutôt qu'à un simple spécialiste, propre déjà au philosophe qu'il allait devenir.

La rigueur dans laquelle je me tenais quant à mon sujet m'a empêché même de penser à le citer dans mon étude en espagnol sur Pierre Klossowski, malgré que tous deux aient navigué sur la patristique et les hérésiologues. N'ayant pas d'influence mutuelle je les lisais pour des fins délimités et étanches, dans mon projet d'avenir. L'un était mon Ptolémée, l'autre mon Bruno, des rôles d'ailleurs échangeables entre les deux.

Maintenant je regrette de ne pas me souvenir du nom italien de la place devant le Palazzo Publico de Sienne, une de mes premières visions de l'espace, et je regrette de n'avoir lu que le début du Decameron. Dans ces espaces profanes, géométrique et littéraire, la force de Sainte Catherine de Sienne ne cesse pas pour autant d'agir. L'image allégorique de la Paix à Sienne a tout d'une vision hellénisante de Marie. Les nonnes, qui sont faites de chair et os comme nous tous, ne sont pas loin. Il est question de nonnes quelque part chez Stendhal. Si Ignacio se respecte en tant que philosophe de génie il n'aura d'autre choix que le retour, tout contradictoire, à la Foi. Ou bien une profession de l'extravagance qui puisse donner sortie à sa créativité refoulée dans l'entreprise de l'intellectuel, d'être pris pour intellectuel de droite avant que pour philosophe.

Il a encore des seuils à franchir, et le jour où il aura compris l'ampleur de la contre-attaque au cognitivisme de droite qui se prépare à cheval de Nanterre et de Berkeley, il devra franchir le seuil du couvent pour unique réponse. Se réfugier dans une certaine nouveauté d'écriture mystique espagnole, quitte à ne s'en tenir qu'à la pure philosophie, empreinte de ses connaissances universelles et spécialisées. Ou bien sortir un personnage médiatique de tout cela, ce qui serait une diminution de sa dignité actuelle.

Voir devenir cet ami de Salvador Dali, un jeune dans la mouvance de l'ère du Verseau, un poète expérimental, d'une décennie à l'autre professeur sifflé dans les auditoriums, objet du mépris du consommateur de culture, peut constituer une réactualisation de la vision de Klossowski oublié, même des philosophes, puisque selon Léo Scheer, qui avait voulu partager avec Catherine Malabou sa passion pour les essais de Pierre, celle-ci n'avait pas été très convaincue d'être devant l'oeuvre d'un penseur majeur. De la même façon que ses dessins avaient fait dire aux conservateurs des Grands Musées parisiens, qu'il s'agissait d'un "petit maître".

Surtout que ces siffleurs "engagés" seront reconnus tacitement par l'institution culturelle. Ils n'auront pas de zéro en conduite, pas la moindre admonestation à supporter en vue. Cela a été le cas des siffleurs catalanistes qui ont empêché Félix de Azua de donner ses cours à l'université de Barcelone, et sera le cas des boycotts à tous ceux qui mettent en doute le bonheur du système, ou de son ombre.

Mais je ne veux pas vous ennuyer avec l'Espagne, malgré la Renaissance philosophique de celle-ci, puisque visiblement ce qui intéresse en France, concernant l'Espagne, ce sont les best-sellers et les BD. La France est trop occupée avec ses problèmes.
Qui ne dit mot consent, et ayant posé la question de l'indiscrétion au témoin principal, je me permets de vous faire part de ce qui s'est passé dans la vieillesse croissante de Pierre.
Un des principaux modèles adolescents de Pierre Klossowski était devenu un jeune homme qui avait quitté depuis pas mal de temps l'atelier de l'artiste. Après avoir emmené Pierre à l'Hôtel Dieu pour une opération au laser qui lui permit de retrouver la vue qu'il croyait avoir perdue. Quand Léo Scheer est passé voir Pierre le lendemain, il le trouva, accroupi sur de grandes feuilles de papier, en train de sortir des forces de sa sénilité et de colorier frénétiquement plusieurs portraits qui se voulaient évocation de cet adolescent. Il répétait son prénom, à chaque trait, au travail. Et habité depuis des semaines par le souvenir de son modèle, un soir il finit par composer son numéro de téléphone. Gabriel, en entendant sa voix avait immédiatement raccroché, dans un laps cruel, agacé. Pierre resta prostré sur le portrait où reposait le téléphone et fut frappé par une hémorragie cérébrale massive. Léo Scheer l'emmena, inconscient, avec Denise aux urgences de l'hôpital proche de la rue de la Glacière. L'ayant laissé dans une chambre d'hôpital, plongé dans le coma, le médecin de garde avait dit à Denise : "Madame, il faut vous préparer, le pronostic vital est engagé."Léo raconte qu'il passa la soirée en compagnie de Denise, à évoquer leur passé. Le lendemain matin, Léo étant passé chercher Denise pour retourner à l'hôpital, ils découvrirent Pierre, contre tout pronostic, debout sur le lit, bondissant à leur vue en s'exclamant : "Vous voyez bien, Denise, je vous l'ai toujours dit : je suis immortel !"

Je pense à cet adolescent dont la pendaison a pour but de lui procurer le plaisir ultime de la mort, et de déclencher chez lui une puissante éjaculation.

En espagnol "raccrocher le téléphone" se dit "pendre", et "laisser pendu" est synonyme d'abandon d'une personne, ainsi que "un pendu" est un fou. Si cela peut vous éclairer dans le sort du vieux philosophe-artiste.

Mon amie Patience, qui est petite-fille de Denise Klossowski, m'a raconté plus d'une fois comment, les dernières années de sa vie, Pierre discutait fréquemment des raisons qui faisaient de La monnaie vivante un livre si difficile à comprendre. C'est Pierre lui-même qui insista, persuadé de l'importance du texte, demandant à Léo Scheer d'organiser un séminaire autour de la Monnaie Vivante. Denise donna à Léo le manuscrit original, une liasse d'environ 2000 pages, écrites à la main, toutes de la même écriture, avec très peu d'effacements, soit quatre ramettes de feuilles DIN A4. Il n'y a aucune pagination, et Léo découvre que les pages ne se suivent pas. Il en parle à Denise qui lui explique que la liasse est tombée et qu'il fut impossible de rétablir l'ordre. Il fallut environ six mois de travail pour reconstituer le document qui se composait de plusieurs versions recopiées, les unes après les autres, en supprimant progressivement des passages importants des premiers textes pour aboutir au livre très condensé des 70 pages publiées. Ainsi, la moitié des 500 premières pages sont consacrées à Kant et au droit canon; elles ont totalement disparu du livre. Le séminaire eut lieu pendant un an à La Maison Européenne de la Photographie, dont quelques séances en présence de Pierre et Denise. De nombreux philosophes et essayistes participèrent à cette tentative pour rendre clair un des textes les plus énigmatiques du XXe siècle.

Et bien, l'essai de La Monnaie Vivante, édité originalement avec des photos blanc et noir de Pierre Zucca, quelque peu sulfureuses, est un texte mince et concentré, qui nous choque comme un canular pour accompagner le trouble des images, et dont l'accès à quelque fil conducteur est très progressif. Il parait que toute une grande partie qui ouvrait le texte et qui a été rejetée dans l'édition du livre, était consacrée à Kant. Et là, je ne peux éviter de penser à la mort de la métaphysique dans les traditions française et allemande ainsi qu'au rejet de Descartes et Kant par mon ami Ignacio, qui appartiendrait à une autre tradition.

Si le texte de Klossowski est prophétique dans le domaine de l'économie et plus largement de la sociologie, combien ne serait-il intéressant de remettre au grand jour ses intuitions sur le sort de la métaphysique, ou raison pure. Même s'il s'avérait que Klossowski n'eut travaillé que sur la Critique du Jugement, il y aurait de l'intérêt, malgré qu'elle fusse plus fréquentée, à en connaître ses fulgurances à son propos. Mais la muse de la mémoire vient à mon secours et, me souvenant un peu plus de la conversation, me corrige. Ce serait sur un texte de Kant concernant le contrat marital que Klossowski aurait entrepris La monnaie vivante. L'a-t-il rejeté pour trop évident ? Cela enlevait-il du mordant visionnaire à la suite de son texte ? Visiblement son intérêt était plus à faire l'emphase sur les temps à venir.

Telle qu'elle est retenue, sous les masques du littéraire, dans un roman d'Ignacio, la rencontre à Venise d'Almodovar, le cinéaste, Perez Villalta, le peintre espagnol contemporain qui m'a le plus influencé, et lui-même, dans un palais appartenant à une dame - mais où ils rencontrent aussi son ami Alain, qui encore aujourd'hui fait le chemin de Venise régulièrement - semble une réunion de fondation d'un certain avenir intellectuel. Les portraits que dresse mon ami Ignacio de cette faune culturelle sont mordants et acides, aucune complaisance à la coïncidence, sinon dire que, grâce aux autres invités et invitées, les jours de fête ont été mémorables.

Les oeuvres de fiction, même autobiographiques, venant des philosophes ou des sémiologues, sont pour la plupart convenues et sans suspense. Ce n'était pas le cas de Klossowski où lui-même évoque la souffrance de subir la censure maritale. Ce que Jean-Noël Vuarnet définit comme philosophe-artiste cadre à Klossowski et à peu d'autres ; l'urgence, le besoin compulsif de romancer, puis de dessiner, sont absents de la plupart des penseurs de la post-modernité qui ont pratiqué la littérature ou, comme Barthes, la peinture. Je tache d'imaginer les philosophes que je connais à l'oeuvre sur une fiction, et seul un dérangement inattendu pourrait les amener à vouloir subir les stigmates du vrai artiste. Peut-on attendre du nouveau tournant (plasticité destructrice) de Catherine Malabou une rupture de cette ampleur ? Ou va-t-on trouver encore une autre écrivaine didactique et complaisante ? Dans ma peur de la déception je ne sais pas si le fait, chez elle, de ne pas lire Klossowski compte pour ou contre.

Moi-même en tant que public, j'ai été pour ainsi dire fidélisé par Ignacio avec son oeuvre sur le gnosticisme et le bouddhisme, pour rester lecteur de ses thèses philosophiques cognitives, puis de ses romans. Et j'arrive même à voir de la poésie dans tous ses non-dits, dans sa prudence si peu artistique. Si je persiste dans la lecture de mes philosophes admirés, il est possible que j'achèterais leurs romans. Mais ils vont être, en manque de risque, perçus comme des retraits in minore. Cela n'arrive pas avec Pierre Klossowski, où la philosophie correspond par sa folie à la chair de ses personnages. C'était aussi le cas de Kierkegaard, dans le Journal d'un séducteur. Ce qui arrive dans La monnaie vivante est que l'artiste rentre dans le philosophe amoindri, il met en abîme toute la pensée ordonnée jusqu'à ce jour.

C'est par la transsubstantiation qu'opère le prix du corps, que celui-ci reçoit la Forme d'une monnaie, ou hostie comme auraient dit Scheffer ou Jean-Clet Martin. C'est par le truchement de la jouissance sadique que Klossowski analyse l'avenir du Capital. Je pense que faire entrer en collision cette pensée finalement économique de Monnaie vivante, avec le nouvel humanisme des sciences cognitives sera le mérite des prochaines lectures de Klossowski. De ce livre en particulier. Puis reste à voir comment une nouvelle religiosité du culte de l'art serait enrichie par ses apports dans le domaine de l'esthétique, de ce que Wollheim appellerait une esthétique substantive. Ce dernier enrichissement culturel demande de lourds changements sociaux, et constitue la clé de voute finale de la prophétie klossowskienne. In fine on dirait qu'il a voulu avec Sade une société plus naturelle, et conséquemment plus convulse. In fine on dirait qu'il a menacé de mort l'académisme à venir pour parvenir à son utopie. Et que la prostitution ou exposition de l'écriture sur la Toile viennent fournir la dernière communion du Capital et la restructuration de l'art autour de la pièce unique en tant que prix accordé à la parole. Le naturalisme de l'utopie viendrait rejoindre sa vocation suspendue, son artifice de latiniste.
Je cite La monnaie vivante : "Ainsi, dans la Nouvelle Justine, Verneuil constate chez la D'Esterval une particularité anatomique, garante d'une propension lubrique à ses yeux inestimable, mais ne veut se livrer à l'expérience prometteuse qu'à condition que sa partenaire accepte d'être rémunérée : mise à pris objectivante qui provoque chez celle-là une jouissance immédiate. Le numéraire exerce ici une fonction évidente de transsubstantiation - sans utilité autre que cette fonction même : donc, une opération purement ludique".

Quand je vois qu'une histoire personnelle, un roman ou auto-fiction, peuvent amener à la consommation d'un tel nombre de choses, je ne doute pas que le corps bloggy, avec sa mémoire à court terme, est une forme, une monnaie, et qu'on ne peut l'envisager, à son encontre, que comme objet régressif, comme excédent ou plus-value qui appartient à une nouvelle oligarchie, me sentant moi-même sous cette intensité économique, autant dans la position d'argent que de spéculateur. Cette monnaie ou corps-forme est vivante justement parce qu'on est devant une monnaie qui circule d'elle-même, qui abrite des sentiments dans sa chair, dévaluations ou catastrophes boursières. Quel intérêt à vouloir entraver le flux du capitalisme utopique, du nouvel esclavagisme, puisqu'on se voulait de finir avec l'humanisme d'un côté à l'autre du spectre politique ? L'humanisme cognitif ne serait que l'entrainement au nouvel ordre du Capital, et la lutte de l'anti-capitalisme passe par la profanation ou accomplissement capitaliste du corps, de sa valeur, comme si l'on découpait aux ciseaux des billets de banque ou des chèques, geste suprême de nouveau riche. Je regrette dans les séquences de bondage le manque de l'instant conclusif de la délivrance, de la mise en liberté, ne soit-elle que de mettre à la porte son partenaire, d'un coup de pied, de même que je ne suis tranquille en égard d'un contrat que quand c'est signé.
Vous allez m'excuser, mais depuis mes découvertes dans le terrain du micro-roman, j'évite la formulation journalistique de la pensée, et je n'aime pas écrire des chutes prononcées, donc je vous laisse avec ce double aperçu de deux philosophes, étant moi-même censé retourner à mes pinceaux.

Manuel Montero, avec l'aide de Léo Scheer, novembre 008.
(Malgré quoi, j'envisage l'inclusion de ce texte dans un récit critique plus vaste sur lequel je travaille à présent, fin janvier 009)

lundi 17 novembre 2008

miettes du lundi

...

Le territoire du phallus est sensuel, au sens du sentido de Thérèse d'Avila. C'est pour cela que certaines de nos oeuvres sont stériles; au point que ce qui est Dieu pour moi ne le soit pas pour toi.


J'écris des sottises pour les relire et mieux comprendre l'âme humaine.


Jadis, l'on faisait confiance à ma condition d'enfant terrible, aujourd'hui je dois démontrer que je suis un fou de bonne qualité.


Je me sens comme le crâne du servant de Hamlet, qui ne se souvenait pas du texte.


On est plus près des excursions des croisades que des conquêtes de César.


Ma couronne de laurier et de complexes orchidées je l'ai gagnée au nom de la terre et non du ciel. C'est pour cela que les planètes s'en réjouissent, elles qui redoutent l'infini, c'est pour cela que la sage corneille l'emporte aux arbres, personnages mystiques couronnés par la nature.


Si j'avais un laurier dans mon parterre je l'appellerais du prénom d'Eve, pour que, réfugiée dans son apparence qui ne change de saison en saison, la femme première puisse cacher sa beauté au ciel, et vivre auprès de moi.


L'on dirait sortis de Calasso tous ces mythes qui se tissent dans la pure vision de la nature, et non, ils étaient avant.


Ground is your future. But you need sun and rain. Avec le peu d'anglais que je sais.


Mon ami Juan a commencé par citer à l'aveuglette des philosophes allemands, comme en découpage dadaïste, ce qui l'a amené à avoir une copine allemande qui lui a appris à les prononcer. Peut-être sait-il maintenant ce qu'il voulait dire.

vendredi 14 novembre 2008

manifeste de Pierre Merejkowsky

ORDURES DE TOUS LES PAYS, UNISSEZ VOUS. (propos recueilli)
(je sais, il faut mettre le slogan en contexte, excusez ma nonchalance)
BASURAS DE TODOS LOS PAISES, UNIOS. (Pierre Merejkowsky)

miette isolée (slogan)

Feuilletez les feuilletons.

miette isolée

Les barbares sont arrivés au moment où l'image s'occultait.

jeudi 13 novembre 2008

raoul / antoine

Le seul amour homosexuel qui a compté pour moi a été non abouti. Il était meilleur peintre que moi, plus fin philosophe, il avait du succès avec de très jolies filles. Il était flatté de mon admiration, mais très méprisant à mon égard, sauf quand il avait pour ainsi dire "un message à me transmettre". J'étais assez inconscient de son influence sur moi et surtout, je redoutais le corps-à-corps amoureux, pour lequel je me sentais inapte. Ma seule expérience, dans un cinéma de séance continue qui émettait, à tour de rôle, The eye of the tiger dont la musique me sidère, et La Santa Sangre de Jodorowsky, avec un vieil homme anonyme, fut sans lendemain. Donc, je me suis tourné vers l'écriture et en même temps, faute d'aboutir dans l'amitié platonique, je me suis mis tout simplement à imiter mon ami. J'ai commencé à être meilleur peintre, plus fin philosophe, et j'ai découvert les femmes. Ce sont elles qui m'ont fait goûter les délices et les fruits de la vie, et qui ont fourni le côté charnel de mon oeuvre. Tout cela, avec le recul de la mélancolie, me semble une bien triste jeunesse, tenue par des épingles, qui débouche sur mon actuelle hétérosexualité non exempte de culpabilité, soit de type masochiste, et que j'essaie toujours d'amener à un stade de sublimation.

Quand j'ai parlé avec Léo Scheer de mon éducation politique, que je passe pour l'instant sous silence, j'aurais dû lui dire qu'en tout cas mon histoire est peu conditionnée par les mots de passe de ma génération, étant plutôt celle d'un esthète anachronique, qui s'éduque plutôt avec les classiques et en faisant miroiter la génération de ses parents. L'amour raté avec mon ami était seulement la couronne d'épines qui venait poindre sur ma non-adéquation aux temps. Lui, s'est gardé de m'ôter cette couronne, puisque peut-être dans sa pensée d'artiste elle était faite pour moi. Il m'a fait cadeau, avec le temps et la distance, de l'aveu de son échec dans le bonheur, me laissant songeur à propos du renversement de nos rôles. Moi, je venais d'être père et avait reçu avec patience des femmes le cadeau du bonheur. Lui, débarquait chez moi de plus en plus détruit, et avec la blessure d'un avortement dans un couple fragile. N'empêche que pour moi il reste nimbé de génie et m'amène encore à plonger dans la froide piscine de l'humilité.

Etait-t-il au fond dépendant de mon admiration ? Au point de cultiver son mépris comme son seul mécanisme de contrôle de sa situation. Je ne peux que lui pardonner, faisant alternance de l'admiration et de la compassion. Qui d'autre peut consoler ce maître déchu, qui a stoppé sa carrière, qui s'est enfoncé dans la misanthropie, tandis que moi, qui ne faisait que suivre ses pas, je suis arrivé à une sorte de philanthropie et de communication ?

Un autre ami va permettre que je parle de politique, tout en sachant que les blogs sont surveillés par les espions de la propagande, dorénavant. Donc, une certaine austérité s'impose. Pas de mots de passe, pas d'idées. Alors comment faire ? J'irai par petits bouts. Il avait de solides assises dans la pensée critique et, en plus, était un leader contestataire à l'université, ça je peux le dire. Il avait quitté le marxisme pour l'anarchisme, tout en conservant la structure. J'en ai fait de même. Le facteur de cette évolution étaient les situationnistes. Il a été une sorte de protecteur, me faisant découvrir les choses sans toucher à ma liberté de choix et d'interprétation. Autant, qu'on a failli rompre pour toujours quand je suis devenu plus contestataire que lui. Il a fini par croire au vote utile, tandis que moi je partais dans tous les sens.

Combien n'en est il secondaire, quand je l'ai symboliquement tué et enterré, le dépassant de loin, accomplissant l'artiste qu'il n'a jamais réussi à être, malgré sa facilité pour les jeux de pouvoir et sa protection sur moi ? Sa critique dans une revue d'art à propos de l'une de mes expositions avait été pompeuse et maladroite, excessivement rhétorique et avec quelques mots mal placés. Parfois, je pense qu'il l'a fait à propos, pour garder la clé de notre amitié. Et en fait je n'ai cessé de relire son article me concernant, les années passées, me demandant à quoi il pouvait être en train de penser... Il évoque Kleist à mon sujet, c'est la seule chose qui me flatte, tout en étant fatale.

mardi 11 novembre 2008

chansonnette d'insomniaque

Est-ce toi qui brisera la chaîne
Est-ce toi l'amie compatissante
l'aimante,
la nudité ?

Sous une lumière de torche
je te vois soumise à l'ordre
sans folie, sans souffrance

Tu dors et je rêve, je veux de l'eau
accorde-moi tes larmes pour que je les boive
sans te faire de mal, toi qui dors tristement
étoile au lit, nuit pluvieuse
où viennent à la ville les dévastateurs
anges de tes cernes si délicatement curieuses,
devant le miroir tu trouves une inconnue
et tu joues les circonstances de la passion
le choix des bijoux et des couleurs
quand tu dors.

Est-ce toi qui brisera la chaîne
Est-ce toi qui me fait signe
toi le cygne
la nudité ?

Sous une lumière de torche
l'accident de l'amour t'endorme
sans folie, sans souffrance

Les tendresses de la nuit pleuvent froides
à travers cette fenêtre entrouverte

Est-ce toi qui brisera la chaîne
Est-ce toi qui sort de l'ombre
tremblante,
bouée ?

Sous une lumière de torche
l'ange passe en secret
sans folie, sans souffrance

Le rare oiseau de l'hiver semble mort
c'est un peu la lune qui pleure

Est-ce toi qui brisera la chaîne
Est-ce toi l'âme qu'on torture,
l'azur
ligoté ?

el cuerpo imposible (borrador) (espagnol)

Se narran los acontecimientos de un baile de disfraces. Diosas, personajes de la Historia y de la literatura son los disfraces. Capricho de la fiesta, se representan secuencias de distintas historias sagradas, en medio de brindis y de un fabuloso proyecto de Utopía aparentemente realizable, aunque de naturaleza indefinida.

Vox populi (disfrazada de zorra):

Mi destino es crear
comoquiera que venga luego Shiva
que es mi respiración propia e ineludible
a disolver en un ruido de silencios
y de famas postizas la naturaleza del Mundo.

A. H. (representado con bata de pintor):

Quisiera hacer los telones de fondo
con el heroísmo de una acuarela que cubriese
la Eternidad.
Para representar la noche del baile
es necesario mucho negro de marfil
y una cápsula de cianuro
como dieta del único vidente,
del único conocedor de la verdad.

Isis

Es la segunda vez que encaramos el fracaso,
el público ha desertado por completo este mundo bajo
para ascender a los paraísos de la mediocridad
y en la soledad amigos míos somos los últimos partidarios del pecado.

Pero gozemos con alegría de la intimidad inesperada
brindemos y saludemos el sol mortecino del apocalipsis.


Hipogrifo

Es la segunda vez para podernos recuperar
tal como éramos en medio de la nostalgia
cuando el fracaso nos parecía un triunfo
pues la nostalgia es una droga de las primeras veces.

Quisiera hacer notar que todas las coyunturas se dan
para un triunfo y un fracaso, en la acuarela

El monstruo era pintor antes de ser monstruo,
busquemos en la pintura las razones junto a los sucios pintores
sin miedo de mancharnos


Victor

Las razones motivantes de mis episodios favoritos
debemos remitirlas a la ética anglosajona
pues no otra ha considerado con acuidad los monstruos


Magencio

¿Está usted echando tierra a la boca del perro?
¿Quiere disfrazarse de protestante romántico?
De acuerdo, le presto un personaje de Frans Hals para que usted esté aparente.


Víctor

Y a usted yo lo visto de católico con una pancarta de escudos heráldicos,
y con una capucha de cartujo de Zurbarán.


Picasso

He oído que se discutía de pintura y yo, Pablo Picasso,
más vivo que nunca salgo en la película
porque dirán que soy famoso y no hay
mortificación más dulce
que oir hablar de la imagen
cuando la imagen es disfraz y necesita una voz.


(a Víctor)
Supongo que su episodio favorito no es el siglo de Frans Hals
sino el siglo XX, que abunda en famas no extintas.


Víctor

Mi episodio favorito son los años treinta del siglo XXI, cuando yo seré viejo.

Isis

Ese es un episodio sobre el que hay que consultar la bola de cristal
mirando en ella el reflejo atigrado de un gato negro entre las ramas

Fata Morgana

Las ramas de laurel escriben bien sobre el gato negro
la bola de cristal es agua sin gravedad, lupa
o lente, el ojo en estado salvaje

Picasso

el ojo de la vanguardia puede ser perverso o si no
su inocencia es artificial
el episodio favorito de Víctor no puede ser otro que el instante
preciso en que el gato atraviesa el laurel


Fata Morgana

Porque el ojo es memoria abierta que se da
a ver, como el lobo nos recuerda la caza,
pero sólo el licántropo o el monstruo
ven el futuro en la sombra del gato,
¿es usted licántropo, Picasso?


Picasso

Mi ojo abierto es como el lobo que nos hace recordar
los miedos de infancia teñidos de deseo,
sírvase de mí para profetizar, Fata Morgana,
como se sirve del agua el santero
para mirar el fuego.


Fata Morgana

¿Te acordarás, Picasso, de que es gracias a mí
y a mis seducciones
que tú eres en el instante instrumento del destino?

No, yo creo que olvidarás, más vivo que nunca en el instante
pues solamente la muerte nos hace recordar,

y esta Fata Morgana envuelta en sus andrajos
pasará a tu lado sin ser reconocida.


Hipogrifo

La mujer que llora a la puerta de Sandro Botticelli
Un cuadro que nos habla del alma
del alma desconsolada de la bruja
de la ajusticiada por haber sido testigo
cuando el hombre se disfrazaba de mujer,
entrando en su cuerpo,
para oficiar la rutinaria misa del engendramiento.

Botticelli en su caso al pasar al lado la confundirá
con su cuadro y Pablo Picasso, que también tiene nombre,
querrá utilizarla como modelo en la tragedia de un cuadro.

En última instancia ninguno guarda el recuerdo
del instante en que el gato atraviesa el laurel


Isis

La sentencia de Hipogrifo, que viene de hablar,
quedará para recuerdo del oráculo naciente,
del estado de sueño en que la poesía nos permite
dar la mano a las generaciones futuras y hacerlas surgir
en una estrella diferente, en otro universo,
con el libro en la mano,
el libro en que está el relato de esta noche de fiesta,
de este carnaval sagrado.


Magencio

Pero queda el problema ético de todo este sufrimiento
inútil
de la mujer a la puerta del hombre
puerta cerrada
donde solamente el ojo recoge
por pura avaricia,
y no digo esto por Pablo Picasso, ni por Botticelli,
sino por lo que ha de venir, que temo que sea fatal.


Pintor futurista

Pues yo voy a adelantarme al tiempo y voy a pintar
los lúbricos movimientos del genio sobre la Fata Morgana


Isis

Esto es más bien teatro barroco, auto sacramental,
pero si el futurismo es sexy, tanto mejor


Fata Morgana

En estado de duermevela
como nuestro público fatigado de trabajos
o como el enamorado que queda vacío
yo observo el laurel y espero el paso del gato

Pero el pintor debe llevar a cabo el gesto
de bailar conmigo
pues ése es el paso del gato por el laurel,
y no dentro de treinta años sino durante el siglo de un instante
el nerviosismo del café o de mis sustancias secretas
la mitología que se desvanece de nuestras neuronas
la explosión atómica de nuestros sueños inmorales
que baile conmigo mientras pinta
que se beba el café de su abuelo, sin piedad
desnudo


Pablo Picasso

Quiero verte bailar sola
deseada por todos, Fata Morgana,
como Klossowski vio a Diana.


Fata Morgana

Estilo balbuciente a pesar de su cuarentena.


Pintor futurista

El pinchadiscos hace huelga de hambre
obsesivamente como un niño concienzudo
canta un gemido grave de cuatro por cuatro

Isis

Nunca podrá la letra balbuciente del infante
estar más cerca que su voz de la imagen
internet es una suerte de transmisión oral
en la que se aprende amando


Fata Morgana

Bailando en el silencio de tu soledad te quiero ver


Pablo Picasso

El siglo que empieza
no tiene ni pies ni cabeza

pero sí botas y sombrero de señora

dejadme saltar descalzo en el asfalto recién lavado


Fata Morgana

¿Sientes ahora el vacío de saltar
con un niño inexistente en la garganta?

¿Sientes el encuentro lleno de cortesía del vampiro?


Pablo Picasso

Puedo escribir lo que quiera
cuando estoy vacío
mi secta de rostros contorsionados
está de mi lado, en el vacío

Tras la danza seremos padres, Fata Morgana
de una camada de desconocidos


Isis

Revisen sus chakras, escupan fuera el odio,
nos preparamos a bailar la danza del dios

nuestras ánimas en pena ya se revisten de luz.


Fata Morgana

No me interesas
tengo todos los ases de tu baraja
y mi estómago vomita sobre esa panoplia vulgar

Mi danza es la danza de la destrucción
pon a salvo lo que te quede de personalidad

porque soy la mujer del sable
y he venido a por ti


Pablo Picasso

¿Te explicas que de una gimnástica que te escapa
tu vientre esté volviéndiense redondo,
y una nueva vida te llama desde el fondo de ti?

Por la obra del magnetismo una nueva vida


La personalidad que yo pongo a salvo eres tú misma


Fata Morgana

He inspeccionado tus rosas marchitas
he sentido el olor de tus axilas a la puerta de tu casa

Me llaman otros destinos
las centurias de camioneros que han de hacerme feliz
como una monja que conociese a Dios.

Mis manos miden el espacio que no te pertenece
y tú estás fuera de comprensión


Merejkowsky

Basuras de todos los países, uníos.

Víctor

Que evacuen a ese agitador bolchevique y demos por terminado el baile.

dimanche 9 novembre 2008

Le grand Botellon (mini-roman)


Je suis de plus en plus convaincu que la radio ment. La radio de droite ment aux gens de droite, la radio socialiste ment aux pauvres gens de gauche, en Espagne comme ailleurs. Même la musique est une mensonge. C'est pour cela que les jeunes ont de plus en plus envie de gueuler sur la ville de Grenade. De s'enivrer jusqu'à la nausée et faire le jeu de l'amour sous une musique étourdissante. Ils affluent au centre ville des jours signalés et ils accomplissent le chaos. Cela s'appelle en Espagne un jour de "botellon", à cause des bouteilles cassées de partout qui restent le lendemain. Les lettres à la rédaction des journaux s'accumulent, avant et après chaque jour signalé, au nom de la pudeur, du silence, et d'une conception étroite du civisme. Heureusement de tous les coins de la jeunesse on assiste à la fête et se mélangent riches et pauvres, coincés et défoulés, dans une sorte de protestation contre tout.

L'impossibilité de bouger en voiture ces jours-là, qui sont parfois, à l'origine, des fêtes religieuses catholiques fériées, est la moindre des choses, l'on ne peut pas non plus traverser le centre ville à pied si l'on ne se laisse emporter par l'ivresse pour trouver soi-même son chemin. La vie est courte, ils ne font qu'en profiter, peut se dire le vieux espagnol au fond de son insomnie. S'il était au fond sévère, ou maître des choses, toute cette suite d'événements serait déracinée par la peur du flic, comme en France.

En fait, les jeunes gueulent et vomissent dans leur folie collective au nom de toute la société. C'est pour ça que ce jour-là, l'hirsute fêtard peut monter sur une majestueuse fontaine pour mieux s'entendre chanter. Et tout s'enchaîne. D'un balcon en face une belle blonde enlève son T-shirt et montre ses seins à la foule dansante et à l'hirsute sur le pinacle. C'est vrai, ce coup là plusieurs personnes me l'ont confirmé, et ce n'est rien en égard de l'ensemble. L'excitation transperce les demeures les plus cachées et, moi-même, en train de peindre la nuit à mon atelier, je suis entouré de leurs rires vivifiants, de leurs cris de fauves.

Ce sont de longues nuits où même les jeunes catholiques consomment des drogues, et les déguisements les plus luxueux qu'une espagnole ou un espagnol peuvent se permettre sortent du placard pour se faire tacher de partout par des éclaboussures d'alcool. Moi, j'ai tendance à être inspiré pour peindre ou lire et je fais juste des passages dans la foule pour sortir et rentrer chez moi avec des prétextes futiles, mais significatifs, comme acheter du Red Bull pour avoir de l'énergie à peindre, ou des cigarettes pour mon anxiété.

Je suis un homme privé par dessus tout, et tout se passe dans l'intimité de l'atelier. Mais des choses arrivent toujours ces jours de bouteille. Il y a pour tous un degré de plus dans l'initiation de l'univers. Les hommes en ville ne se voient pisser ou vomir ou chier ou même danser que dans des lieux clos. C'est ma propre théorie du jour de la bouteille, que je rédige en français pour pas gâcher la fête aux Espagnols, qui l'ont depuis longtemps assimilée. Il y a un côté initiatique dans cette vision réciproque de l'autre dans son état qui serait le plus animal.

La jeunesse est joyeusement vulgaire, jusqu'au comble de la nuance et de la délicatesse. Je ne suis pas assez aigri pour leur reprocher cela. Moi aussi je peux écouter en boucle une musique complètement idiote, en fin de compte c'est ça qui fait que je suis peintre et non professeur.

Une facilité à saisir l'instant, un temps intensifié, s'établit le jour de la bouteille et sa nuit. L'on sait plein de choses sans presque faire d'effort. Je montais la pente qui mène à mon atelier, après minuit ou dans un temps où quelque consécration venait déjà d'être réalisée, les motos traversaient ma rue à toute vitesse en sens interdit, et j'ai aperçu les deux jeunes femmes au moment de sortir mes clés. Leur tenue imitait celle de Madonna mais leur art qui excellait dans le parler espagnol m'ouvrit l'intimité d'un genre de femme toute familière. Un peu la belle cousine que tout Espagnol a. Elles étaient nettement plus jeunes que moi, mais leur grand sourire impatient me montra que j'étais encore un gamin pour elles. Elles étaient nonobstant un peu occupées, puisque elles étaient en train de chier à ma porte. Nous nous sommes dit bonsoir, je leur ai demandé, médusé de leur jolie ivresse et de l'étron qu'elles déposaient devant moi, si tout allait bien. Oui, ça va, et j'étais en train d'ouvrir l'atelier. Tacitement l'on faisait partie de la même fête et la notion de que je puisse être dérangé de leur caca chez moi était exclue. Aussi, étaient-elles confiantes de leur beauté et de la sympathie régnante. Je leur aurais demandé de me chier sur le visage qu'elles n'auraient eu d'inconvenance, amusées à le faire.

Je rentrai à l'atelier, fermai la porte doucement, me suis mis à boire mon Red Bull, à fumer mes cigarettes, et j'ai peint un tableau à l'huile jusqu'au lendemain, où ce furent les cloches des nonnes du couvent à côté qui m' envoyèrent dormir sur le canapé.

Dimanche Apollinaire (Nyctelia, 2003)



Acrylique marouflé. Manuel Montero. Photo par Eve Livet. L'image fait partie du livre monographique sur ma peinture écrit par Eve Livet et distribué par Meligrana Editions.

A part cela, aujourd'hui c'est dédicacé à Apollinaire, sur lequel il y a une discussion ouverte dans le blog des Editions Léo Scheer.

mercredi 5 novembre 2008

avec Barberine chez Betty (bilingue)

1)

Existe un nivel que sobrepasa de muy alto al del escritor, y es el del modisto, por su levedad, porque está haciendo en todos sus matices la belleza. Huysmans había percibido el callejón sin salida de la literatura y había intentado escapar por todos los medios, el dandysmo, en A contrapelo, el satanismo en Allá lejos, y finalmente la trapa a la que le llevan sus novelas "terminales". Roland Barthes, haciendo crítica literaria, estudio de patrones, costuras y frufrús de la literatura y de la ideología, consigue acercarse a la idea de modisto (no olvidar su Sistema de la moda).

1)

Il existe un niveau qui surpasse de très haut celui de l'écrivain, et c'est celui du modiste, de par sa légèreté, parce qu'il est en train de faire la beauté dans toutes ses nuances. Huysmans avait perçu le cul-de-sac de la littérature et avait tenté d'en échapper par tous les moyens, le dandysme, dans A rebours, le satanisme dans Là-bas, et finalement la trappe où lui amènent ses romans "terminaux". Roland Barthes, en faisant la sémiotique littéraire, l'étude des patrons, coutures et froufrous de la littérature et de l'idéologie, réussit à s'approcher de l'idée de modiste (ne pas oublier son Système de la Mode).

2)

Nuestro cuerpo con sus metamorfosis va a terminar por llevarnos a la vejez y la muerte, luego en última instancia en él esta la escapatoria trágica a la literatura y su conclusión lógica. Para el lector español o fugaz hago notar que mis reflexiones comienzan a llegar después de conversar con el editor vanguardista más sólido del panorama francés, Léo Scheer, fumando a la puerta de chez Betty, en la fiesta de Barberine, una de sus autoras.

Me encuentro por ejemplo allí a una jovencísima novelista que tiene un blog que permite, a través de un tupido sistema de enlaces, ver parcialmente las películas y las canciones que cita en su novela. Se llama Angie David. ¿No es eso lo que hacía el Des Esseintes de Huysmans, con su clavecin de perfumes, o su sistema de sal y de arena en el cuarto de baño? Una novela tan tupida de referencias y citas, que precisa el satori instantáneo de la identificación, o bien el uso de la novela como un vademecum.


2)

Notre corps avec ses métamorphoses va finir par nous amener à la vieillesse et à la mort, aussitôt qu'en dernier ressort c'est en lui que s'ouvre l'échappatoire tragique à la littérature et sa conclusion logique. Pour le lecteur espagnol ou fugace je fais remarquer que mes réflexions commencent à affluer suite à la conversation avec l'éditeur avant-gardiste le plus solide du domaine français, Léo Scheer, en fumant à la sortie de chez Betty, dans la fête de Barberine, une de ses auteurs.

Je trouve là-bas, par exemple, une très jeune romancière qui a un blog qui permet, à travers un épais système de liens, de voir partiellement les films et les chansons qu'elle cite dans son roman. Elle s'appelle Angie David, ou Marilou. N'était-ce pas cela que faisait le Des Esseintes de Huysmans, avec son clavecin d'odeurs et parfums, ou son système de plage à la salle de bain ? Un roman si brodé de références et citations, qu'il précise du satori instantané de l'identification, ou bien l'usage du roman en tant qu'un vademecum.


3)

No se está más en el libro como objeto de consumo, sino en una literatura como bien de uso. ¿Qué dice Dahlia sobre sadomasoquismo ? Hace falta la memoria tactil del papel para resolver dudas, no nos lo quiten, el libro nos es útil, no es efímero como la memoria del ordenador.

La cercanía del día de los muertos, y el cementerio de Père Lachaise al lado podrían estar recordándonos la muerte simbólica del libro para su propia perpetuidad como complejo. Los periodos de la vida se medirán ahora en las modificaciones del blog. Rupturas, exclusiones, carnavales donde se encuentra el amor.


3)

L'on n'est plus dans le livre comme objet de consommation, sinon dans une littérature comme bien d'usage. Que dit Dahlia sur le sadomasochisme ? Il faut la mémoire tactile du papier pour résoudre des doutes, ne nous le prenez pas, le livre nous est utile, il n'est pas éphémère comme la mémoire de l'ordinateur.

La proximité du jour des morts, et le cimetière du Père Lachaise à côté pourraient être en train de nous rappeler la mort symbolique du livre pour sa propre perpétuité en tant que complexe. Les périodes de la vie se mesureront dorénavant dans les modifications du blog. Ruptures, exclusions, carnavals où l'on trouve l'amour.

4)

Chez Barberine, par exemple, le livre est sacrifié en substitution de sa vie privée. Une affaire qui n'a plus à voir avec l'idée que l'écrivain est un "personnage public". On n'est pas loin bientôt du livre en pièce unique. Mais qui pourrait arriver à circuler, tout en courant des risques. Par exemple une présence discrète, qui m'échappait, celle d'Alex, qui garde la tête froide dans la vapeur du bar. Elle a ramené dans une critique le livre de Barberine à sa qualité transitoire. Moi je dirais que, grâce à Dieu, ce transitoire est sacrificiel et expiatoire. Puis il y a deux types de sacrifice initial, celui de Abel et celui de Caïn. Que peut-on attendre de ce bouillon d'expérimentations qui est Paris aujourd'hui, toujours non-officiel ? Vu que Maffesoli a dit que Sarkozy est très à l'écoute des nouvelles tendances en émergence, ou un truc comme ça, on se demande s'ils vont pas pleuvoir sur nous, les honneurs. Une décoration genre Légion d'Honneur, ou Toison d'Or, je sais pas.


4)

Con Barberine, por ejemplo, el libro es sacrificado en sustitución de su vida privada. Un caso de figura que no tiene más nada que ver con la idea de que el escritor sea un "personaje público". No se está lejos pronto del libro en pieza única. Pero que podría llegar a circular, siempre corriendo ciertos riesgos. Por ejemplo una presencia discreta, que se me escapaba, la de Alex, que conservaba la cabeza fría en el vapor del bar. Ella ha llevado en una crítica el libro de Barberine a su calidad transitoria. Yo diría que, gracias a Dios, esa transitoriedad es sacrificial y expiatoria. Claro que hubo dos sacrificios al comienzo, el de Abel y el de Caín. ¿Qué se puede esperar de este caldo de cultivo que es París hoy, sin llegar a ser algo oficial? Visto que Maffesoli ha dicho que Sarkozy está muy a la escucha de las nuevas tendencias en emergencia, o algo por el estilo, uno se pregunta si nos van a llover encima los honores. Una condecoración estilo Legión de Honor, o el Toison d Or, no sé.

mardi 4 novembre 2008

samedi 1 novembre 2008

Des tziganes et des "infréquentables" à The Box. (bilingue)


1)

Si vous voulez un mélange de bohème, allant de la différence ethnique jusqu'au mauditisme, et de public branché, jeunes et seniors, le tout dans une galerie qui vous offre, à part les tableaux, un espace de luxe moderne et des rations de vin et charcuterie, je vous conseille de suivre les événements de The Box in Paris, 6 cité du Midi, métro Blanche ou Pigalle.

La cruauté de Groucho envers la dame respectable qu'il mettait en scène comme contrepoint de son humour irrévérencieux m'a toujours frappé. Comment cette dame qui avait l'air de ne jamais comprendre ce qui se passait autour s'est- elle prêtée à semblable extravagance ? De quelle dignité refaite s'est-elle revêtue pour paraître dans les meilleurs films des Marx ? Elle a été, avec Diane Keaton, ma comédienne la plus adorée avant que le cinéma s'éloigne pour toujours de mes passe-temps.

The Box, c'est une autre dimension. On pourrait avoir la sensation que le meilleur et le pire se côtoient, amusés de leur trouvaille. Chacun attend une surprise de l'autre côté. Telle chose est possible au loft de Alline Geller, dans une petite cour intime donnant sur les clubs de strip-tease et les boîtes à sexe du Boulevard de Clichy.


1)

Si desean ustedes una mezcla de bohemia, en un abanico que va desde la diferencia étnica hasta el malditismo, y de público a la moda, los jóvenes y los seniors, el total en una galeria que les ofrece, aparte de los cuadros, un espacio de lujo moderno y raciones de vino y charcutería, les aconsejo seguir las actualidades de The Box in Paris, 6 cité du Midi, metro Blanche o Pigalle.

La crueldad de Groucho hacia la señora respetable que él ponía en escena como contrapunto de su humor irreverente me ha chocado desde siempre. ¿Cómo esa señora que daba la impresión de no comprender nada de lo que pasaba a su alrededor pudo prestarse a tamaña extravagancia ? ¿De qué dignidad remendada se pudo revestir para aparecer en los mejores films de los Marx ? Ella ha sido, con Diane Keaton, mi comediante más adorada antes de que el cine se alejase para siempre de mis pasatiempos.

The Box es otra dimensión. Se tendría la sensación de que lo mejor y lo peor se codean, divertidos del encuentro. Cada uno espera sorprenderse del otro. Tal cosa es posible en el loft de Alline Geller, en una pequeña callejuela íntima que desemboca en los clubs de strip-tease y los locales de sexo del boulevard de Clichy.


2)

Ah, no te parece bastante moderno. Pues tengo que decirte que apenas pude levantarme esta mañana, de la locura y las dos tazas de café que me banqué en la fiesta. Una fiesta no exenta de perversidad y sin embargo artísticamente educada. Imaginen un poeta bello como un Vischnu camboyano, en plena recitación de denuncia (de la guerra de Vietnam, de la exclusión de los orientales de la cultura francesa) que se pone a temblar como un moribundo en la silla eléctrica, haciendo pensar a todos que el paroxismo, a la manera del mejor Artaud, no iba a ir más lejos, y sin parar de recitar se acerca a tocar los senos de una de mis invitadas, de la mejor calidad y autora de libros highbrow, y se frota contra ella como un perro, para ir después, con su discurso sobre la guerra a forzar el pubis de una muchacha pintora, creo, que tuvo que irse, aterrorizada.

El poeta se llamaba Ucoc, y me contaron que ya había intentado defecar frente al público en un recital, pero que no lo había conseguido. ¿Había ideado un uso especial para el excremento, de haberlo habido ?



2)

Ah, ça ne te semble assez moderne... J'ai à te dire qu'à peine j'ai pu me lever ce matin, de toute la folie et des innombrables tasses de café que j'ai avalé dans la fête de décrochage. Une fête non exempte de perversité et nonobstant artistiquement élevée. Imaginez un poète beau comme un Vischnu cambodgien, en pleine récitation de dénonce (de la guerre du Vietnam, de l'exclusion des orientaux de la culture française) qui se met à trembler comme un moribond sur la chaise électrique, nous faisant penser à tous que le paroxysme, à la meilleur manière d'Artaud, n'irait pas plus loin, et, sans arrêter sa récitation, s'approche toucher les seins d'une de mes invitées, de la meilleure qualité et auteur de livres highbrow, et se frotte contre elle comme un chien, pour aller ensuite, avec son discours sur la guerre caresser de sa main le pubis d'une jeune femme peintre, je crois, qui dut s'en aller, terrorisée.

Le poète s'appelle Ucoc, et l'on m'a raconté qu'il avait déjà essayé de faire caca face au public dans un récital, mais qu'il n'y 'était pas parvenu. Avait-t-il conçu un usage spéciale pour cet excrément, s'il avait eu lieu d'être ?


3)

Xavier Devaud a été le maître de cérémonies, une espèce de Jim Morrison qui se serait coupé les cheveux et mis un bonnet noir en laine. Il y a des parties de sa performance, quand il joue la clarinette, où il porte encore le bonnet, et d'autres, quand il récite Cendrars ou quiconque, où le bonnet est jeté sur un des fauteuils de la galerie. Je pense qu'il a fait au long du mois de septembre et octobre, avec Aline Geller, de très bons choix. Mais surtout ce décrochage, chargé d'électricité, a été de la broderie.

Ucoc, par exemple, joue sans rancune avec le mauditisme, avec une assurance qui pour nous serait bouddhique. Ses textes sont sur CD (O-Mind), avec tout le défoulement de sa lecture paroxystique, sans épargner rien d'autre que la violence corps à corps, et avec un arrière son dans les paroles d'un véritable travail d'écrivain exquis et cultivé, connaisseur.

Benedicte Sene, à la danse, mesure les dimensions d'un texte corporel et les fait évoluer dans le temps avec une vraie elocutio chorégraphique. Un corps idéalisé de mannequin qui nous signale de son geste le contenu de nos pensées.

Georges O des fois, et Tristan Loriaut d'autres, usent des guitares et leur électrique principauté sur la musique comme des vecteurs d'apparente lucidité. C'est pour le plaisir, Ils semblent te dire, et sur leurs visages détendus tu cherches le sens du poème.


3)

Xavier Devaud ha sido el maestro de ceremonias, una especie de Jim Morrison que se hubiese cortado el pelo y puesto un bonete negro de lana. Hay partes de su performance, cuando toca el clarinete, en que lleva puesto todavía el bonete, y otras, cuando recita Cendrars o el que sea, en que el bonete lo tira sobre uno de los sofás de la galería. Pienso que ha hecho a todo lo largo del mes de setiembre y octubre, con Aline Geller, muy buenas selecciones. Pero sobre todo en la clausura de la exposición, cargada de electricidad, ha sido que ni bordado.

Ucoc, por ejemplo, juega sin rencor con el malditismo, con una seguridad que para nosotros sería búdica. Sus textos están en CD (O-Mind), con todo el desenfreno de su lectura paroxística, sin embargarnos otra cosa que la violencia cuerpo a cuerpo, y con un fondo de sonido en las palabras propio a un trabajo real de escritor exquisito y cultivado, connaisseur.

Benedicte Sene, en la danza, mide las dimensiones de un texto corporal y las hace evolucionar en el tiempo con una real elocutio coreográfica. Un cuerpo idealizado de maniquí que nos señala de su gesto el contenido de nuestros pensamientos.

Georges O a veces, otras Tristan Loriaut, usan las guitarras y su eléctrica primacía sobre la música como vectores de aparente lucidez. Es por placer, parecen decirte, y sobre sus rostros distendidos tú buscas el sentido del poema.


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Hace tiempo quería comentar otro concierto que vimos en The Box. El dúo Erika et Emigrante de música zíngara ecléctica y elegante, cuidadosamente llevada al estado sublimado y moderno de lo zíngaro. ¿No te lo crees ? Por respecto al disco que han grabado, tuvimos el privilegio de la media voz sin micrófono, a veces modulado susurro, que me recuerda el tono confidente de las gitanas de mi adolescencia, en el Sacromonte de Granada.


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Ca fait quelques semaines que je voulais faire allusion à un autre concert à The Box. Le duo Erika et Emigrante de musique tzigane éclectique et élégante, soigneusement portée à un état sublimé et moderne du tzigane. Tu n'y croies pas ?Par égard au disque qu'ils ont enregistré nous avons eu le privilège de la mi-voix sans micro, des fois modulé murmure, qui me fait penser au ton confident des gitanes de mon adolescence, au Sacromonte de Grenade.


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Sous la rubrique MUSiCA du blog j'ai déjà laissé des impressions sur un ensemble de musique tzigane, Balval, dont j'avais eu le disque Blizzard Boheme. J'avais projeté d'écrire sur un autre disque et un autre concert, celui de la chanteuse hongroise Zsuzsanna Vàrkonyi, et vous avez dans mes archives un brouillon. Elle m'a fort impressionné et je suis en manque de la voir à nouveau donner un concert pour être capable de mettre en écriture mes émotions passées.


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En la rúbrica MUSICA del blog he dejado ya impresiones sobre un conjunto de música zíngara, Balval, del que obtuve el disco Blizzard Boheme. Había proyectado escribir sobre otro disco y otro concierto, el de la cantante húngara Zsuzsanna Varkonyi, y tienen ustedes en mis archivos un borrador. Me impresionó fuertemente y estoy ávido de verla de nuevo dar un concierto para ser capaz de poner en escritura mis emociones pasadas.