vendredi 6 février 2009

d'autres miettes (d)

(d)

A l'atelier je suis comme le curé de Bread and Water, qui "pourrait être là", quand il verse du lait dans son café.

Il en est de l'écriture du peintre comme de celle de l'alchimiste baroque, il vient rapporter l'expérience de l'atelier, de l'athanor.

La réalité est double, faite d'ombre et lumière. Est-ce que l'image peut rendre ça ?

La peinture périt héroïquement à éclaircir les ombres, la photographie, en négatif, assombrit la lumière, par le hasard et par l'art, ou par l'art du hasard.

Les sens nous trompent par la perception inconsciente.

Expulsé diplomatiquement de mon lycée en Espagne à une époque où j'arrivais ivre en classe, en 1987 (pour de meilleures conditions à Paris), je n'oserais accorder aucun enseignement qui ne prêche justement la désobéissance. C'est pour ça que je suis peintre, cela me rend muet, et les émissions de pensée sont entendues avec indulgence.

L'alcool nous sort d'une Nécessité, donc il nous libère, mais c'est pour nous interner dans une autre encore plus fatale.

L'alcool nous sort de l'école, nous accordant une certaine connaissance accomplie, mais c'est pour nous interner dans la maison de santé, du morbe de n'avoir rien à apprendre.

En lisant Système de la Mode, de Barthes, je m'endormis au son des mots inconnus, mais l'ennui est une condition dont on doit remercier les penseurs, et en être fier, et discret.

La beauté ennuyeuse est la plus délicieuse.

Pour revenir à la Madonna de la chaise, est-ce que la Vierge se faisait remarquer ?

Ce n'est pas la même chose que tu poses pour une Vierge ou pour une Sainte Thérèse. Pour une Céres ou pour une bacchante.

Les variantes phonétiques de l'indo-européen sont faites d'inhibitions du proche et de substitutions. Ainsi le nom du dieu se voit pris à la frontière.

Je pose pendant la nuit des objets sur la toile blanche pour que le tableau à venir soit comme un château habité de fantômes. Je dors à l'atelier pour fixer leur ombre au futur tableau. Mais je dois avouer que pour bien peindre, il faut chasser ces fantômes. Ainsi les traits sont un sacrement d'exorcisme, que d'ailleurs l'Eglise devrait accorder aux peintres et à tout père et mère de famille.

La nostalgie religieuse est un mal de tête contagieux.

Les devoirs symboliques de l'enfant lui sont parfois insupportables.

Me dépeindre en tant que le Christ me conduit à adresser des prières à mon image, avec le temps, ce qui est fort curieux.

Tout homme est son propre Messie.

On ne gagne pas au jeu de la Nécessité. Seule la Réalité est généreuse et nous laisse de l'avantage, et c'est alors qu'il faut en profiter.

Qui est en besoin n'est pas invité au repas de la Réalité. Il nous faut toucher du bois.

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