mardi 3 novembre 2009

more about S (miettes)


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La France est ma femme, elle a les seins nus et elle me passe un drapeau de couleurs primaires à exhiber dans la bataille de l'homme contre les Rois du Monde.

Le peintre a les mains maquillées.

Il y a trop de peintres cons, ils veulent être un club et n'acceptent pas de nouveaux. Les modèles sont des pions dans leur jeu tandis que, pour moi, elles sont des reines déchues du jeu des autres que je garde en tête.

Le visage est la façade de la femme, mais plus elle relève du palais et de la cathédrale plus de connaissance elle transmet. La bouche petite est propre à celles qui méditent, ou, dit autrement, contemplent, voyez que les années 20 ont été aussi, et le seront à nouveau, des temps de nonnes autant que de femmes libres.

Chaque modèle est amenée à penser que ça se passe autrement avec les autres.

Je reste un fétichiste du nombril, mais donnez-moi une chaussure et je vous la cire avec la langue.

De mettre droit le cendrier, ou de le voir en anamorphose, comme celles de Borromini. Percé dans le front par le regard de son modèle, le tableau fait au sol est une sorte d'agonie, mais l'esprit revient aussi du tableau, au moment de la retouche.

Je ne me souviens plus de quel livre il s'agissait, mais il conseillait de parler à voix haute quand on est seul. Cette liberté de presse est paradoxale, pourquoi cette promotion de la folie ? Ne vaut-il pas mieux la clandestinité, comme avant ? Je sens qu'on va me proposer de publier quelque chose.

Tout réside dans l'éducation du lecteur, sa perception des couleurs. Rouge ; noir ; émeraude ; bleu royal ; rouille...

Quelques-uns s'étonnaient des "hérésies" de la couleur du "maître" Delacroix. C'était un automatisme autre ; suivant l'astuce du débutant, il laissait respirer la lourdeur du Romantisme. Mais il essoufflait ses modèles jusqu'à l'exaspération, je crois. Devoir se reconnaître, la pose finie, dans cet amas de fausses notes, dans cet accomplissement de l'ignorance, était suffisant pour tout laisser tomber. Delacroix respirait, alors.

Le jour où l'on exposera des hosties percées je vais croire à la laïcité.

La rose à la main, elle disait : je t'aurai, aujourd'hui.

Le bon de vivre en couple est qu'on peut peindre toujours la même femme, ce qui est rassurant, même si l'on travaille aussi le recherché d'autres modèles. Pensez à Bonnard et comparez-le avec la froideur de Gustav Klimt, dans son château wagnérien, le jour venu de se trouver sans charbon pour les cheminées et samovars.

Depuis que les surréalistes se sont moqués des impressionnistes, l'on ne pardonne qu'à Manet, et ça, de façon transversale, à cause un peu de Picasso et du je ne sais quoi des maîtresses de Baudelaire. Il n'est pas rare que Van Gogh et Balthus se voient amoindris. Parmi les surréalistes, le meilleur maître de cérémonies, au plan mondial, n'a pas été Breton, sinon les Espagnols.

J'ai peint, d'après pose, la peintre Pamela Luchitta et le rendu sur le tableau faisait penser au regard d'adolescente surdouée de Béatrice Cussol, j'ai perdu le regard d'actrice de ma modèle. Elle est à cheval entre Nice, Paris et New York. Ses jambes bronzées et musclées de nageuse restent la partie la plus travaillée et, malgré cela, elles semblent adolescentes, avec des bottines. Flashez sur cela, et citez Mary D. Garrard comme source de mon inspiration pour la mise en scène. Je voulais une femme peintre qui soit aussi intellectuelle que moi je l'étais. Je ne l'ai eue que dans le tableau. Ce qui donne envie de revenir aux Suzanne, aux Cléopatre et aux Lucrèce de ma jeunesse.

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