jeudi 18 novembre 2010

planche contact 10 (picto) d'Eve Livet

*

planche "picto" 10

elle s'arrête à 27 sur 36

elle se passe toute à Grenade

dans la rue

écrire à sec, me décontracter

elle fait le constat du sinistre

un autre que moi aurait cru au hasard

vingt-sept photographies

une étude de l'extrême-droite

façades, monuments, plâtres

façade du siège du parti

hommage au fondateur sur le mur de la cathédrale

en majuscules et à la charge de l'archevêque

et ces lourdes ailes d'aigle de plomb

et ces mains de gladiateur macabre, toujours là

devant la Diputacion

puisqu'il fallait rendre hommage au fascisme

partout et à toute heure et encore

et encore sous la vue des touristes aveugles

analphabètes qui ne savent qui sont ces bustes

dans les vitrines des papeteries

avec et sans képi pour l'avoir en double

entre la Vierge, le cheval, l'enfant potelé

et le plâtre indéfinissable de l'innocence

couverte de poussière

seule la vieille au chignon de farandole

qui épluche les figues de Barbarie

et qui invente depuis longtemps le prix du nard

semble supporter le passé

elle seule

au milieu de la pellicule, de 14 à 16

et encore

elle a le dos tourné

quand tu es venue

avec dans la tête ou dans les mains

une question

non-touristique

non-grata

non-grenadine (boisson fine)

le réel est le trou à réverbère

laissé par la grenade du rêve

nostalgie, image, lumière

un deux trois

et tout se vide pour toi

tout va te tourner le dos

quand tu as une question

tu es au centre terrassé du réel

avec une machine

une Nikon

mais peu importe

j'étais caché

je priais parce que je savais

et je me tords encore de désespoir

comme ce jour de canicule où tu connus

toute cette histoire

*

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