lundi 31 janvier 2011

Diálogo entre Apeles y Roxanna


Diálogo entre Apeles y Roxanna


Apeles :

Hay mujeres que sólo borrachas

se dejan retratar

tú te quemas como la paloma nocturna


Roxanna :

la risa nos respeta en el universo

vientos vestidos de flores y de piel de toro

terrores confusos a lo lejos

muy hondo

en nuestros huesos


Apeles :

he pensado que si te pinto de estatua

estarás como oculta

pero sólo concibo emborracharte

y un cuerpo de lágrimas espirituales

no se puede tratar de tú

la inspiración que embriaga conserva el usted


Roxanna :

Venus Urania, superior y dolorosa

al final las palabras cuentan más para el cielo

del olvido que para la vida del cuento


Apeles :

te hablo en español, hermana extranjera

para soltar los malos genios

soltarlos antes de verte

en el susurro de cera de una espera incierta


Roxanna :

tánto importa el arte que nos mata

y hacer llorar es involuntario como la tormenta de las nubes


Los dos :

amistad de trabajo dice la botella, algo tendrá


Apeles :

si sólo fuese un cuadro no sería un poema

el reino de la mujer no puede terminar.


¨¨¨¨¨

vendredi 28 janvier 2011

planche "picto" 11 d'Eve Livet

*

planche "picto" 11

la planche chuchote son charme

un étalage diabolique de détails

une perfection répétée comme le losange

de l'ange déchu de l'image, la vipère

d'une Cléopatre dernière pour un secret paysage

+

à 0 nous sommes à la dernière maison

les vies dedans sont la frontière mille fois

franchie par le chant et l'ombre

et scellée par le dessin cabalistique de l'ombre

qui projettent les vieux cyprès de leur baiser rêvé

depuis le Carmen de la Victoria

sur le visage lavé et orné de coupelles en cuivre

de la maison à gauche selon on remonte la pente

la Cuesta del Chapiz qui sépare les deux quartiers

avant que ne le fasse la montagne et la muraille arabe

combien de respirations profondes de laurier

combien de gestes redressés, de ceintures attachées

combien il ne faut ralentir, fumer, attendre

combien l'oracle du couteau et Marie Mère de Dieu

ne voit-on dans les murs initiateurs de ces deux

crépusculaires maisons au bord ?

+

le chemin d'un quartier descend et l'autre remonte

+

l'on voit l'entrée sur 1

décoration opaque et dort-le-jour des fêtes suspendue

arbrisseau, statue, chemin

ça monte, tel Satan est monté aux branches

de la connaissance

une fenêtre à chaque histoire

un dialogue à la porte

une ignorance impossible de la symétrie du Bien et du Mal

quand l'art est capable de vous le rendre en photo

et bien d'autres lectures du livre profond

attendent ma vue cupide dans le chemin du Sacromonte

c'est pas par hasard que cette prise de vue 1

soit surexposée ou brûlée en partie

+

les flash de couches de tourisme depuis les temps de la dictature

brillent comme le sperme sec sur l'âme du dernier quartier

les reliques d'un saint apocryphe trônent au fond du serpent

du chemin qui nous guide à la danse, à l'ivresse, à la prière

les flash restent à la porte, hésitent, pénètrent

jusqu'à faire vomir la terre son génie, sa griffe

la patte de poule qu'on avale

dans le théâtre de l'enfance, la misère inconcevable

d'une monnaie de plomb, d'un calligramme négatif de l'or

d'un négatif après l'autre sur ce rouleau d'Eve Livet

qui a rendu comme Paracelse culte à Grenade

qui possède le décalque universel des livres enterrés

qui sait se caler pour l'Histoire à chaque torsion du serpent

+

l'on verra Quetzal Coatl si l'on veut s'agiter

sur le nopal ou figue de Barbarie en 5 à 10

+

mais un premier extase apéritif

porte l'écriteau en 2 "TABLAILLO"

la frise de tuiles en terre est un front d'avant la Grèce

un temps de pensée mythologique

la porte en fer avec des arabesques élémentaires de forgeron

promet souffrance et force, le spectacle de la guerre occulte

du dragon et de l'agneau

une guitare semble nous attendre pour tout nous dire

+

dans le jeu de la vie de cette planche je saute 3

je poursuis l'oie

un dessin qui revient nous guider

dans le pressentiment enfantin et la lecture du rouleau

+

un recul aussi ce négatif 4

examen de conscience

Eve se retourne et perçoit en bas du chemin les derniers murs

du quartier profane et juste mi-gitan de mon grand-père

l'Albaicin ou Albayzin selon chacun

seuls les astres chancellent

les ancêtres qu'ils dessinent dans le glacé du sel

se tiennent debout tel des dieux de l'instant

et le soleil est le linceul tremblant du connu

+

pour qu'en 5 nous soyons ailleurs

au sommet des colliers de cyprès et du sfumato

on dirait sortie du haschish la suite

de secousses reptiliennes du Chi, du fruit des aztèques,

du dégradé de plans, parcouru du détail tourné

du feu de l'analyse purgatoire accueillant et sévère

le fruit des aztèques pousse sur les amas de "chumberas"

+

ici en terre sacrée et terre sauvage

le regard est un banditisme

comme le hibou la journée la montagne n'est que plumage

mais le ciel désert dénonce

la tache de poussière d'une lumière alerte

mes pensées ne sont que matière

hurle le sorcier dans la cage photographique

boue blanche tempérée de stupeur qui se fane en violette

ceci est l'histoire du haut pour le musicien qui dort

mes pensées ne sont que matière

que peut faire un chat ?

il passe, il dirige, discret, quelque chose

+

pause en 13 prolongée jusqu'à 17

on trouve une inscription en 17

le nom de la source et le poème d'amour tous deux

en céramique de Fajalauza, technique d'origine arabe

en 16 je pose moi-même pour Eve contre un éclat

la montagne habitée s'habille en chaux comme une mariée se dévoile

en 15 le même banc un instant avant : vide

en 14 et 13 je vous dit "Fuente de la Amapola"

aucune référence à l'oubli dans le poème

mais aux lèvres de la belle ou du chaland qui boivent

l'eau perpétuelle, s'inclinant

incantation discrète de l'eau qui nous désaltère

comme le baiser perdu d'une étrangère

+

toutes les boissons, toutes les drogues

désaltèrent les bouches des grottes abandonnées qui entoure l'herbe sèche

et les menaces

des chiens imaginaires dans l'aloe vera qui rampe

en 18 l'une

en 19 l'autre

et la troisième en 20, seule oblique obligée

+

la plante préhistorique dessine en 21 et 22

des improvisations séphirotiques ou d'utopies japonaises

à rebours du ciel transparent et d'un horizon brisé

elle s'incline, la plante, elle est une substance en déperdition

on dirait que le cyprès seul en érection semble rire

comme un singe accroupi sur la tête d'une image pieuse

comme semble rire l'intelligence du jeune homme

+

j'avance vers la caméra (25)

+

j'ignore ces images d'archétype

deux rectangles en céramique

Marie et Joseph, l'une Immaculée Conception

l'autre tuteur du Doux Jésus, sur le mur

j'avançais vers la mère et le père

vers la mère et le père

en 26, mais ce serait une chute sérieuse

de se convertir si près de l'oie

j'attends de la voir

+

diable de drôle de photographie

contact 27 à la loupe l'on trouve des choses

la tête jeune et hirsute retournée d'un gitan

entrevue surpasser un mur, des ombres de fer

deux chiens, deux attitudes, premiers aperçus des canards

une fenêtre barrée d'une grille et d'un contreplaqué irrégulier

un écriteau : "Cuevas Coloradas"

+

je sens que je deviens laid à longueur de nuit

ma barbe pousse vite, elle me fait l'écriture

du maladif voyant ou prophète qui repousse

je ne peux que dégoûter les manières matinales

moi qui pense encore à ça l'heure de silence des merles de l'hiver

un peu du poète Alfredo Lombardo je prie la candeur bleu

des yeux enfoncés d'un propre fakir espagnol

puisqu'il habite ces demeures et en fait des sonnets

et des leçons de peinture

Picasso et le Minotaure à Paris comme en Espagne

Alfredo m'a salué : "torero", la nuit furtive

des chaînes conséquentes de l'art

le chanteur patibulaire à voix efféminée

le guitariste et lui se sont enfuis en courant

ma tante parisienne appréciée du regard

assise avec Eve et moi

comme une autre gitane au teint brun, les yeux luisants

noir comme le corbeau sa chevelure et sa robe

la soeur du père du jeune peintre taciturne

un agent à moustache me propose : "Ayahuasca"

je m'érige en diplomate

tout ça, qu'est-ce que ça coûte ? tout et rien, le savez-vous ?

+

Picasso brûle de surexposition la photo des colombes (28)

elles sont agencées à l'entrée d'une grotte dans des cages

improvisation du zinc et des tubes en acier et du fil de fer

tout devenu lumière comme les plumes blanches et même l'obscurité

+

les petites plumes des autres couleurs apparaissent

minutieusement grises à la loupe

29 et 30 cages à oiseaux et fenêtre mystérieuse

dramatique masque du plastique d'un sac qui moule l'obscène ignorance et deux réceptacles de terre suspendus aux barreaux

si en plus à la loupe le plastique s'avère torchon digne

+

je saute le 31 et suis mis en abîme avec le décor en 32

tous les éléments de la gitanité m'entourent comme dans une apothéose de la vision tubulaire

je suis la figure noire qui se voit dans la lueur du point de fuite

les "pitas" et la mâchoire de la vieille muraille

+

voyons le sinistre jeu de l'oie

semblent dire les deux canards au chien griffon

et l'ombre d'un chien autre, débout

compose diagonale contre l'ombre horizontale supérieure

un canard blanc pur, l'autre sombre mixture

tous deux porteurs de plumes, privés de main

(33)

+

S'interner dans les quatre dernières photographies de ce rouleau

du plan général au gros plan sur un détail du mur

du plan général avec trois portes

comme dans Le Songe de Poliphile

et une image ponctuelle à la fin

l'on doit avoir besoin d'extase

pour mourir de rire à base d'associations

ici l'on tue de plaisir les intellectuels

du plan général avec grand chien dormant

sommeil profond sous le soleil

chaise en plastique à droite de la porte du centre

vigne grimpante et torse nue pour le soleil d'hiver

objets énigmatiques et évocateurs jamais excessifs

zoom sur la première porte à gauche

qui porte le 57 à la main sur 36

"azulejos", des plaques de céramique à chaque côté

comportant des dessins et des textes

deux plus deux

+

où mènent les portes du songe ?

+

souvenez vous qu'on vient de croiser Marie et Joseph

zoom sur les deux azulejos à gauche de la porte première

comme si c'était l'oie de la fin de jeu

en fin de rouleau l'un porte une belle poire

l'autre une belle femme et deux voyeurs

le dicton inscrit une Genèse parodique

sous l'image cocasse l'Ancien Testament

"Et Dieu créa la Femme, et il dit:

Je vous envoie ça !!!"

*

mardi 25 janvier 2011

double portrait de deux écrivains


Fragments sur le sarcasme subtil

Je pensais au Blues des chrysanthèmes pendant que je fumais à la porte du Dôme, l’autre soir, la vue fixe sur une lumière oxydée en vert, la statue de Balzac.

(rip (A.C.), le lundi 10 janvier 2011
je confirme, blues des chrysanthèmes : remarquable à tous les niveaux
du travail de pro)

Merci Marie Agnès. J’ai parlé avec le tenancier de la librairie. C’est plutôt Quartier Latin que Saint Germain des Près, mais je ne discute tes assertions, tu es l’experte. Oui, c’est un lieu de culte, plus dans le bizarre que dans le littéraire, mais j’ai sorti avec un bouquin de Burroughs en échange de mon livre de peinture. Eve a habité dans un hôtel dans cette même rue de la librairie où se logeait Burroughs à l’époque de la révolte. Je voulais te dire, entre toi et moi, la première conviction que j’ai eu sur le tenancier était : il est un parfait imbécile. Je marchais dans la rue en le disant à voix haute, une dame habillée de fourrures et au visage parfait s’est glissée avec moi, corps à corps, par la passoire du métro, je lui ai causé, elle souriait en silence. Pourquoi "imbécile", le tenancier, et non pas gentil ou intéressant, qui sont des synonymes tous les trois ? Parce que je sais pas, il m’agace. D’ailleurs je compte le revoir, chaque fois que j’aurai mon rendez vous rue de Seine. Je pourrais bavarder tous les mercredis. Il m’agace parce qu’on dirait qu’il est contre la tauromachie, et pour l’indépendance de la Catalogne. Et là, je crache au visage.

Chère Marie Agnès, quel tour de force... je survole le blues des chrysanthèmes et j’ai l’impulsion d’écrire tout de suite mes impressions, quant à la couleur du texte, le contraste avec ton autre simplicité dans d’autres textes sur le net et nonobstant la construction soeur de celle de L’allégresse des rats. Je risque de délaisser mon propre travail mais si j’arrivais à vraiment parler en artiste pour me référer à quelque chose dans ta littérature qui la rend littéraire, ce serait une énergie bien employée. Est-ce l’insupportable qui nous force à prendre la distance de ne lire que le style, comme on sent en passant une rafale de parfum ? On ne peut qu’être surpris des subversions haine / amour du prochain. Le fond du style, de cette chair brûlée qui nous repousse, est ne peut autre que prophétique (si l’on admet en même temps de ranger le Christ des Evangiles dans la chaîne des prophètes, avec quelques unes de ses maximes et son goût des récits ou paraboles, qui sont souvent hors sujet si on lit avec attention et qui semblent des histoires pour se distraire de la peste du Décameron mais sans la plume de Boccacio, des histoires qu’on ne peut partager qu’avec nos derniers compagnons face à la mort, où l’on dit le sacré de l’erreur des hommes). La prophétie s’améliore toujours, dans la souffrance du temps qu’on a perdu. Etc.etc.

Je suis resté avec quelques images du genre "anticipation" dans les livres et les textes numériques de Marie Agnès. La femme dont la bouteille d'oxygène à l'aquarium est programmée pour la tuer, qui se colle au regard des curieux sur la vitrine en mourant pour le spectacle, j'ajoute de mon propre imaginaire l'euthanasie depuis des hélicoptères sur les quartiers bobos, au laser indolore transmetteur chimique, en odeur de sainteté d'une perfusion intense de phéromones sur le cadavre. Quand les morts auront du pouvoir d'achat, le bricolage de sarcophages sera interactif. L'on marchandera aussi la divinité ou la sainteté ou les pouvoirs miraculeux entre la vie, sa fin et puis le curriculum du cadavre. Un cadavre bien entretenu travaille bien, bosse bien, comme dit Marie Agnès. Quand l'enfant veut faire un golem de sa mère... quand nous voudrions bien ne pas avoir enterré nos parents pour qu'ils nettoient un peu la poussière sur les livres... Je pense à une Vierge mexicaine survolant le désert comme un feu de Saint Elme perdu, aveuglée des indiens qui la prennent en photo, ivres. Je suis comme un de ces blasphèmes, quand je veux me référer à l'éclat prophétique du sarcasme michelien, du sarcasme subtil qui s'y ajoute sur la pratique d'imagier du premier degré.

mardi 18 janvier 2011

Esquisse préparatoire


Esquisse préparatoire pour grande composition à l'huile. Le souvenir d'une vision s'avère une ressource de symbolisme. J'avais les baigneuses de Cézanne à l'esprit, mais aussi, pour le tableau et sa couleur, le côté torride et primaire de Julian Schnabel. Vous verrez bientôt la toile finie. La citation est un bout de phrase de D.H. Lawrence, à propos de l'Apocalypse.

samedi 15 janvier 2011

la poésie comme incitation


**

L'art de la poésie est fait pour l'incitation

il cache les ressorts de toute prostitution

il est graduel et plonge toujours plus bas

en faisant sentir près du paradis l'homme et la femme

l'homme souvent dans la posture tout-puissante de sa ruine

la femme dans l'illusion de l'amour

voyez sinon comment le poème amène à la chanson

et la chanson à la danse et puis la coupe de la honte est bue

sans faire attention l'on s'est rapproché de la mort

la poésie a fait le tour de la sensualité jusqu'à l'impossible

ce qui en poésie ne serait croyable

n'existe pas pour le divin proxénète.

**

jeudi 13 janvier 2011

Charlotte Lacoste (plus Elisabeth Roudinesco)


J'avais une méfiance pour tout ce qui puisse être sujet au prix Goncourt depuis que j'étais teenager, j'en ai jamais touché un. Je savais ce que je faisais. Puis est venu Les Bienveillantes et le mépris s'est teinté de colère. C'est cette communauté dans la colère qui me rapproche des deux livres dont je suis ici pour conseiller la lecture, une sympathie épidermique.

Je viens de me procurer Séductions du bourreau, de Charlotte Lacoste.

Tout comme j'ai acheté "La part obscure de nous-mêmes"
Une histoire des pervers, d'Elisabeth Roudinesco, non pas pour acquérir un savoir, non pas pour connaître le Mal, mais par solidarité et par acte de résistance dans une réalité construite selon la structure perverse.

Je veux faire une emphase, à peine feuilleté, sur celui de Charlotte Lacoste, qui est plus jeune et qu'y risque son avenir. Les gens sont descendus sans ménagement aussi dans la chaîne cannibale de la culture générale. On peut admettre qu'il y a eu des psychanalystes chez une certaine génération, mais des penseurs jeunes, tu parles ?

Tout désobéissant que je veuille être, je vous fais part de mes lectures à mi chemin, d'une façon qui peut être ingénue par manque d'éléments. Par une économie de l'excès débordant de mon énergie j'ai donné dans l'enthousiasme courtois, dans un enthousiasme automatique pour ce que de proche, de complice, je reconnais d'un seul regard, souvent chez des femmes. Il en est ainsi que je me rends compte qu'on peut réfléchir plus vite que n'importe quelle machine neuronale puisse le faire, avec un bond, une espèce d'érection intellectuelle qu'il est incommode d'expliquer mais qui doit être ressentie ne soit que par mon écriture dans le cadre difforme du net. Ne voyez vous pas que ce net qui est une ruse pour attraper des oiseaux ou des poissons, traduit littéralement de l'anglais, est le poids net de nos propos, dans la mémoire et dans le jugement dernier de la machine ?

lundi 10 janvier 2011

Apéritifs


Apéritifs
...

A cette heure-ci je bois de l'eau vinaigrée, comme le Christ sur la croix; et comme les femmes des milieux romantiques au XIXe siècle. Je pense plutôt à ces femmes, et le goût d'un bon vinaigre de vin tempéré me rend la vision de leurs cheveux noirs à chignon un peu défait, leur peau d'une blancheur qui serait puritaine si elles n'étaient justement en train de me montrer le cul.

Comme le goût est à la goutte, frère et soeur sont tes lèvres parfumés de cumin et de musc.

Après l'apéritif vient le dîner.

Que faire d'un baiser de ta bouche, sinon aller l'apporter sur ton autre bouche ?

L'entrée des toilettes est un faux dilemme.

Ah, avec une gorgée de café je voudrais te renvoyer les énormes bisous que tu m'envoies.

Le phénix de la jalousie, je le brûle avec du tabac toutes les nuits. L'ivresse d'oublier est le cycle de l'amour.

Le Christ ne faisait des mails groupés.

Tu es ton corps quand tu rêves.

Trop cartésien, trop cartésien, disait-il après le pastis.

Message d'amour, ai-je écrit sur la commode, sous le miroir.

Ceci est un fragment de poème, de visu.

Le fragment d'un discours ne peut...

La pointe de ma canne. La pointe de mon épée porte le parfum de riz de toutes mes nuits blanches.

Si tu avais trois seins tu ne serais plus une muse, mais tu resterais couverte de laine et coton derrière ma peinture.

Quand les femmes incarnent la volupté, il faut le voir.

Compte-les, ses seins, comme si tu voyais double.

Au fond, elle dort, pendant que tu écoutes mes conseils. J'adore quand ma modèle dort. Mes pastels et mes huiles se libèrent et s'ensorcellent quand elle pose inconsciente.

En Photographie ce n'est pas fréquent la photographie des dormants amoureux. Eve Livet m'a pris en portrait endormi entre les draps, à son tour, toutes ces années passées à travailler ensemble et à faire l'amour.

L'apéritif peut être l'anchois ou le choix.

...

dimanche 9 janvier 2011

Jonathan Meese chez Templon

Nous avons été au vernissage de Jonathan Meese ce soir chez Templon. Ce serait un peu ridicule, en étant peintre que je fasse démonstration d'une opinion à teneur critique. Je suis toujours enthousiaste de Meese, comme les jeunes minces mais costauds, presque des blousons noirs, que j'ai vu sortir la minute de la cigarette en prononçant presque comme un cri de guerre : "Il est le meilleur". Je suis pris dans le même charme épique, étudiant, wagnérien, mais visuel, du domaine de la "vision", mais il m'arrive d'entreprendre la peinture comme on prend une femme, avec ma propre pine.

Du moins chacun prend son tableau comme il prend sa femme, et je suis parti pour un niveau presque pastoral de critique d'art. Je suis à l'aise, j'ai mes piques, et comment se revendiquer d'une pratique qui se veut barbare, despotique, sans rentrer chacun selon son naturel. Je pense aux couleurs, les tons chair qu'il utilise avec une volupté précipitée, le jeu sacré et tonique du noir, et des nouveautés qui font penser à Picasso. Même à Matisse. Les couleurs dans leur joie, qui viennent peut-être du passage de Meese par la céramique. De la substitution à présent de l'huile par une portion d'acrylique, petite tricherie. Mais aussi d'une joie de dessiner avec les couleurs qui ne peut être qu'enracinée très profondément chez Meese, et qui devient à l'approche de la quarantaine une transparente acmé. Tellement incompris ici. Une fois que le public a accepté les thématiques, première chose dure à digérer, il faut pas toucher aux couleurs, sous risque de devenir insupportable. L'on ne veut pas faire l'effort deux fois. Ou bien, vous trouvez des gars loyaux qui vont faire de ça leur drapeau de guerre, comme moi-même je suis en train de faire. C'est cette partie-là, cette génération, qui m'intéresse, et qui est par excellence désintéressée. Ils sont tous grands et jamais tout à fait rasés, moi j'étais ce soir le plus petit et le seul je pense avec des lunettes, du moins aussi voyantes que les miennes.

Brouillon littéraire d'une nuit


installation Santa Maria la Perdida
Manuel Montero
(2004-2007)
photo Eve Livet


Brouillon littéraire d'une nuit

Nous avons été au vernissage de Jonathan Meese ce soir chez Templon. Ce serait un peu ridicule, en étant peintre que je fasse démonstration d'une opinion à teneur critique. Je suis toujours enthousiaste de Meese, comme les jeunes minces mais costauds, presque des blousons noirs, que j'ai vu sortir la minute de la cigarette en prononçant presque comme un cri de guerre : "Il est le meilleur". Je suis pris dans le même charme épique, wagnérien, mais visuel, du domaine de la "vision", mais il m'arrive d'entreprendre la peinture comme on prend une femme, avec ma propre pine.

C'est pour cela que je me suis dit d'introduire mon manifeste pour Meese par une citation qui fait figure d'allusion, d'incitation, même de pastiche ou d'amalgame. Et à plus forte raison que ça serait par hasard si les connexions que j'ai établi "prennent".

Voici l'extrait :

Voyons, mohvr en 64, je serais un des éléments à fournir, pour honorer votre sens de la CONSTATATION dans la foulée, et bien derrière ceux qui ont passé à faire partie de UNPLUGGED. Je m'étais proposé d'écrire avec soin ce soir un compte rendu d'une expo chez Templon (l'artiste allemand Jonathan Meese, duquel je me sens secrètement proche, donc profondément engagé dans le regard que je porte sur ses tableaux). Je m'étais proposé de me mettre à peindre des ébauches préparatoires pour une commande. Et me revoilà ici. Mohvr, vous affirmez que "via son blog" Alex rend ou a rendu à un moment donné "les gens dingues". Je pense qu'il y a une synergie entre le genre d'écrivain qu'on reconnaît chez elle et des lieux de la culture comme ce blog, où une interaction, même parfois soumise à modération, est possible. Mais je pense aussi que ce doublon n'est pas banal, je m'y retrouve, je pense qu'une certaine fatalité nous guide toujours vers le plus vicieux des choix. Maintenant ce qu'il faut c'est qu'on soit capable de faire devenir vicieux ce qu'on aime, delectatio morosa, et c'est cela (clin d'oeil a Sunderland) qui demande soit une grâce par voie de contemplation, soit une persévérance de l'étude, de la méditation. Je m'excuse de rendre Alex un préliminaire d'un article sur le jeune art allemand, peut-être aussi là il y a synergie...

Si la constatation de mohvr est rendue possible, c'est parce qu'à un moment de sa carrière (démarche... ce que vous voudrez) Alex a fait de sa vie une oeuvre d'art (sur laquelle on pouvait émettre des jugements favorables ou pas, des appréciations de goût) à travers son blog et surtout en la cristallisant dans un livre. Cela nous ramène à une pratique qui se reproduit tout au long de l'histoire littéraire. L'exemple le plus bête ? Je sais pas, à chacun de faire les rapprochements et d'affiner, j'ai un intérêt plutôt détaché et passif pour cette oeuvre, curieux pour ainsi dire de voir ce qui se passe. Par ailleurs, le passage au deuxième livre introduit une stimulante difficulté d'approche qui ne peut que faire durer cet accompagnement d'objet transitionnel que sont les livres.

Résultat : pour les noms propres nous avons une séquence Jonathan Meese, Templon (qui est aussi un lieu), Manuel Montero (je parle de moi-même), mohvr (un intrigant masqué qui n'est ici qu'un exutoire) UNPLUGGED (nom propre d'un livre d'autofiction) Alex (l'auteur, une jeune femme qui est en activité sur le net) Sunderland (pseudonyme d'un écrivain marginal à double tranchant : provocateur et catholique affiché).

Deuxièmement, nous nous trouvons avec des constatations équivalentes : certains artistes "rendent les gens dingues". Cela est vieux comme le monde. Puis, comment écrire et quoi écrire sous l'influence de nos contemporains. Par chance, Paris offre la possibilité de l'émulation, par rapport à d'autres lieux. Meese était bien présent ce soir, de bonne humeur, il a eu un geste pour chacun (pour moi, si je ne me trompe, un salut en garde à vous militaire et un grand sourire). Il suivait, ravi, l'attention et les regards qu'on dispersait sur ses toiles. Malgré que cette exposition ne soit pas une exception au côté stressant des vernissages, qui laissent une sorte d'hémorragie de l'aura personnelle ouverte, j'ai trouvé l'ambiance sympathique, très génération à moi, avec parfois des femmes intéressantes concentrées sur les tableaux. Je cherchais Eve, rentré de la minute cigarette, et j'ai pensé devant la sculpture d'un berceau de bébé décoré d'un casque militaire et couvert de photos de lèvres féminines, à toute cette culture freudienne qui s'étiole devant notre impuissance pour la faire comprendre à un monde de la culture et surtout à un service médical devenu pervers sans le savoir. Parlons des couleurs. Emulation. L'émulation dans la couleur est la plus charnelle manière de prendre l'univers comme on prend une femme. Meese a eu recours aux acryliques, qui facilitent un peu la vitesse et rendent inoffensive la bavure du coloriste. Mais il a pris le dessus de sa précédente exposition chez Templon, cette fois la couleur transmet une sensation, l'on se dit "c'est picassien", et l'on songe à quelques peintures du prophète Malcolm de Chazal entrevues sur google, et encore à quelqu'un qui a connu le succès avec Meese, le très bon peintre Tal R. En ressentant à nouveau le goût des couleurs, qui étaient décidément ratés dans l'autre exposition de lui chez Templon, il y a quelques années, c'est la répétition d'une sensation qui la rend moins subliminale et plus sensible chez Meese que sur des vieilles brochures de Picasso, ou des aperçus de Chazal et Tal R à l'écran. C'est pareil à la qualité de sensation qui nous prend dans l'événement du rire. Le Tao, le Yoga... euh, le Satori aussi bien sûr, tout se passe dans le rire. Il est pour ainsi dire, la commotion de l'harmonie, le point d'équilibre d'un jaune, un bleu peut-être azur, un noir décomplexé et immense sur fond blanc de Titane intact, juste barbouillé en vitesse et même pas. C'est le seul morceau que j'ai mémorisé, j'ai une mémoire très basse pour la couleur. Tout était plein d'idées autour.

La sirène d'alarme de l'auto-censure s'allume : je ne dois parler en même temps de deux intérêts dont je pourrais tirer bénéfice de façon sélective. C'est la même chose que j'ai fait pour le compte rendu de Adore de Dahlia, où je me suis mis à parler d'un concert de musiciens asiatiques qu'il est fort possible que je ne revoie pas.


vrai article :

Nous avons été au vernissage de Jonathan Meese ce soir chez Templon. Ce serait un peu ridicule, en étant peintre que je fasse démonstration d'une opinion à teneur critique. Je suis toujours enthousiaste de Meese, comme les jeunes minces mais costauds, presque des blousons noirs, que j'ai vu sortir la minute de la cigarette en prononçant presque comme un cri de guerre : "Il est le meilleur". Je suis pris dans le même charme épique, étudiant, wagnérien, mais visuel, du domaine de la "vision", mais il m'arrive d'entreprendre la peinture comme on prend une femme, avec ma propre pine.

Du moins chacun prend son tableau comme il prend sa femme, et je suis parti pour un niveau presque pastoral de critique d'art. Je suis à l'aise, j'ai mes piques, et comment se revendiquer d'une pratique qui se veut barbare, despotique, sans rentrer chacun selon son naturel. Je pense aux couleurs, les tons chair qu'il utilise avec une volupté précipitée, le jeu sacré et tonique du noir, et des nouveautés qui font penser à Picasso. Même à Matisse. Les couleurs dans leur joie, qui viennent peut-être du passage de Meese par la céramique. De la substitution à présent de l'huile par une portion d'acrylique, petite tricherie. Mais aussi d'une joie de dessiner avec les couleurs qui ne peut être qu'enracinée très profondément chez Meese, et qui devient à l'approche de la quarantaine une transparente acmé. Tellement incompris ici. Une fois que le public a accepté les thématiques, première chose dure à digérer, il faut pas toucher aux couleurs, sous risque de devenir insupportable. L'on ne veut pas faire l'effort deux fois. Ou bien, vous trouvez des gars loyaux qui vont faire de ça leur drapeau de guerre, comme moi-même je suis en train de faire. C'est cette partie-là, cette génération, qui m'intéresse, et qui est par excellence désintéressée. Ils sont tous grands et jamais tout à fait rasés, moi j'étais ce soir le plus petit et le seul je pense avec des lunettes, du moins aussi voyantes que les miennes.

samedi 8 janvier 2011

la miette bilingue


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Un abductor de consciencia me transpuso en la España de los Austrias, en correspondencia con la China de Wu Cheng En a través de un medium jesuita.

Je ne sais pas à quoi peut ressembler une orgie lesbienne, vraiment collective, mais je pense que c'est la seule communauté où la parole était mise aux enchères déjà dans les temps de Dah... euh, de Sappho. Parce que c'est toujours l'exclue ou l'inatteignable, qu'on a dans la tête pendant l'union, et à plus juste titre dans l'union homosexuelle. Homme et femme fantasment de la femme, que ce soit sous trois voire quatre coloris. L'homme ne peut, en principe, être objet du fantasme, si ce n'est dans une nouvelle tragédie représentant la mise à mort du gigolo, à travers donc le lynchage, comme in fine l'est le roi dans le dionysiaque originel, mais ouauw, quel loisir d'en parler.

De una miga de pan salían dos lenguas, seres mitológicos que acabo de inventar, de formato minúsculo.

Attends Paul, je vais me mettre à la recherche d'occasions de Mrs. Radcliffe pour te faire honte, je la connais bien par les références de Mario Praz, mais puisque l'honneur de Nathalie Rheims est en jeu, vous et moi avons rendez-vous aux bouquinistes. Laissons de côté que vous êtes passé à Lewis peut-être par le même mécanisme (apologie subliminale de Stalker et contigüité chronologique dans la monographie de Mario Praz).

Solamente el cine puede parecerse a Eleusis. Se abrió un paréntesis y ahora otro. La desaparición de la realidad es la gran fiesta.

Non, pourquoi tu aurais mal écrit ? Je pense que je peux rester loyal. Je vais voir un film d'Ornella Muti. Je veux écrire sur elle, sur Nastassja Kinski et Isabella Rossellini. Je suis parti dans le ciel des divas, n'est-ce pas ?

Gracias a la pornografía, perdemos menos tiempo con las vanidades de la literatura.

Me estoy dejando la salud en un día a día sin día, y soy capaz de soñar con Ornella Muti, Nastassja Kinski e Isabella Rossellini desde el fondo de la basura que es mi ordenador. Mi ordenador es lo más sucio que hay en mi casa. En él está escrito el cáncer que corroe mi alma. Too beautiful...

Así pues, la belleza pulposa, como dicen las estilistas, los ojos sin fondo como un cielo al final del verano, un suspiro de navaja en su forma de mirar al hombre, salvo Isabella que mira hacia los tulipanes y las cámaras como yo miro las amapolas, como lo que está ahí en tanto cosa desconocida.

Quand Ornella Muti s’éventre d’elle même, qu’est-ce que tu lui dis, alors, knight ? écoute, je suis un émotionnel, tu sais déjà tout ça. Peu importe que des somnambules qui veulent être normaux, on fasse des hyper normaux avec un baguette magique.

...

jeudi 6 janvier 2011

quelques femmes et extrait d'un blog






Knight, l'autre jour, je voulais moi-aussi voir une expo là bas, parce qu'il y avait des photos de jeunes qui baisaient, et c'était pareil, l'affaire était passé à la presse et il y avait une queue à mourir d'ennui et de sainteté. Donc, on a investi en café la coquette cafétéria (café-fée théorie) du Palais de Tokyo, Eve et moi, à faire un peu la parade. C'est le seul intérêt. J'ai encore vécu l'époque où il restait un coin fumeur à l'intérieur, et j'y suis allé (venant du Musée Guimet) avec P.T., sculptrice, ça fait un bail, quand m@nuscrit(s) était à ses tout débuts, en 2008, au pif, figure-toi : deux ans... trois d'ici peu... les filles qui avaient seize sont maintenant majeures, le tour du monde, quoi, la vieillesse.
Il y avait quelqu'un (un situationniste) qui venait à dire que l'artiste, tout en rendant la parfaite mimique du sacrifice pour l'art, avait la plupart des fois en revanche la vertu de s'arranger pour que l'homme de la rue se sacrifie à sa place, tout en rêvant de la grandeur d'âme de "ce pauvre Van Gogh" ou quel qu'il soit, qui souffrait tellement pour être admis au musée (pendant que lui, homo normalis, souffrait juste pour payer le loyer et demander des crédits pour payer sous découvert la nourriture).


Je veux dire qu'en lisant les aventures de rip dans Coke de combat, je peux projeter mes aspirations de liberté, combler mes frustrations, réaliser par le héros du recueil le triomphe dans l'échec, même si pour lui c'est un début de quelque chose (l'on sait bien que ses débuts sont ailleurs, comme chez n'importe quel écrivain) et pour moi une soupape de sécurité, une évasion.

Je sais qu'on est deux dans les maillons de la statistique, le lecteur et l'écrivain. A chacun son ivresse, à chacun son rapport au texte. Je suis un passionné des "oldies" qui regarde avec perplexité et fascination les évolutions de la "hype". Je suis en position assise, pour cela. Même si je lis parfois allongé, le texte de rip je le lis à table. Aussi je me masturbe à table, dernièrement. Comme le journal télé, pour recevoir la pluie lustrale du réel.

Prenez un peu de ma coquetterie : je lis aussi accroupi entre des désordres, debout devant un miroir invisible, je lisais en prenant des bains de poivre pendant mon adolescence...

Puisqu'on y est, j'ai aussi sur la table un autre chef d'oeuvre du même milieu, un petit pandémonium organisé du sadisme psychologique : UNPLUGGED d'Alexandra Varrin. C'est très intéressant pour ma carrière d'avoir eu une amorce interactive avec l'inspirateur du plus profond et plus attachant des harceleurs, sur lesquels écrit en patchwork irréprochable le vrai météorite d'écrivain qu'est Alexandra Varrin, celui qui porte le pseudo de ''Bishop''. Le livre d'Alex est un exploit de libido concentrée, qui nous aurait déçu si elle s'était intéressé à des pervers régressifs comme Diogène, qui ne donnent aucun relief à la lecture.

Voilà Diogène en 156 : ''Il faudra gentiment voir ce que vous faites malgré vous. Le sens, je veux dire. Comme ça vous saurez pourquoi vous allez prendre une grosse raclée, pour vos mensonges énormes.''

Je vous prends très au sérieux. Le sens, qui amène... au réel. Mélancolie donc, in fine. Mais bon, je vois votre démarche de catatonique et je me dis que les trois, sens, réel et mélancolie, sont bien employés à vous abîmer avec l'illusion de vérité que vous affichez contre "nos mensonges".

Vous avez fait des aphorismes, qui semblent venir dans la foulée d'une lecture (énième) du Zarathoustra. J'ai avalé mon orgueil, puisque je soigne mes aphorismes, moi, et je vous ai fait l'éloge... mérité, j'en conviens, tout a du mérite. Mais vous agissez dans l'hostilité permanente, le refus du dialogue. Cela s'appelle autisme, et tous les artistes nous en souffrons dans un certain degré. Si vous étiez un nietzschéen en bonne santé, vous verriez sans peine que ces "mensonges énormes" dont vous nous affublez sont la petite prestidigitation quotidienne du romanichel à côté des baffles tonitruants que vous mettez pour rien dire.

Diogène, tu es comme moi. Jamais je réussirai à être comme Rip (sigh). Mon coefficient d'intelligence est à découvert. Si j'étais à zéro degré ça serait ni chaud ni froid, mais non, j'ai été forcé comme je pense toi, à recourir aux plus pointus cabinets comme aux plus humiliants des traitements, et l'on n'a pas réussi à me rendre un brin futé. Je suis carrément du côté des artistes, dans la querelle de la vie. Rip est capable de s'en sortir par le sport, comme il dit. Il reste pas collé à la mesquinerie de la vérité à chacun, il a dressé au long de son roman (recueil, mais roman) un petit univers qui n'est autre que celui de la foule d'artistes qui crève la dalle plus ou moins dignement. Mais le sport toujours, l'esprit d'équipe, font de lui quelqu'un de foncièrement intelligent, ce qui n'est pas notre cas, Diogène. Nous parlons de l'Art en soi, soit d'un symptôme, de quelque chose qui n'existe pas et qui n'occupe que la place du délire. Quand il vient me voir, je me sens palpé par un médecin sauvage et en même temps totalement dupe du message que je vais transmettre. Par la suite, je veux dire, et peut-être dans le vide, à l'intérieur de ma tête et de celle de deux ou trois amis de courte date.

Faisons du flooding un sport de compétition, et même en équipe, avec Diogène. C'est beaucoup mieux que l'ambiance poivrée de restaurant qui régnait à l'époque de Stalker. Ici c'est la piscine des fous, on s'y balance depuis le tremplin même si elle est vide. A l'époque de Stalker la misogynie et tout ça... ha ha ha. Ici je mettrais un lien youtube des Ramones, volontiers. On est redevenus gamins, avec la philosophie de l'onanisme et de l'ânerie nous vidant la moelle et nous rendant plus aveugles qu'un Homère en plâtre. Ici l'Ulysse qui traverse la piscine va nous régaler d'un numéro érotique sur l'herbe enneigée, pour se venger d'être pris pour un mendiant, pour nous rendre aphasiques d'ici en avant. C'est comme le Canadien qui a publié chez Laureli une parodie de Joyce, sur fond politique, ou plutôt sociétal. Incapable d'assumer de lire son Matamore, j'ai utilisé mes maigres ressources à lui offrir, le jour de la présentation, un petit livre de Garcia Lorca à trois euros. Pour lui rappeler la raison ardente du duende propre au flamenco, dont traite le petit ouvrage, dans le nonsense. Et parce que moi, comme Lorca, j'étais aussi de Grenade, et que je sais qu'un Canadien vient à Paris comme un Espagnol, avec le drapeau de l'enthousiasme et l'ouverture du plein de sens qui réside en tout artiste expérimental, la perversion de Joyce, la pédérastie de Garcia Lorca. Rien à voir avec les pas feutrés du curé de restaurant qu'était Stalker. Dans le Pays des Merveilles du flooding que vous nous avez imposé, cher Diogène, l'intelligence de Rip à laquelle nous sommes en train de rendre hommage, s'applique en tant que navigation, comme celle d'Ulysse protégé par Pallas. Lui et le lecteur n'ont qu'à sauter, à surnager, dans la foule des Joyce à joystick qui sont les flooders tels que vous et moi en fin de fil, quoique...

Avec zéro degrés d'intelligence chez Diogène, et une intelligence à découvert comme celle du reste d'entre nous, nous sommes loin du fameux ''premier degré'' et deuxième degré de la période Stalker. Misogynie, antisémitisme, rhumes, constipation, diarrhées d'antan c'est rien à côté du rigor mortis des potes d'un Rip. N'est-ce pas ?

Cher lecteur des ELS (214)

Sauf si la maison elle-même a une réponse pour vous, je me permets en tant qu'auteur de l'article dont découle ce fil de m'adresser à vous. D'abord votre ton respectable sent de loin l'imposture et l'intérêt à discréditer la liberté de ton et le niveau littéraire qui malgré les dommages collatéraux (le trolling qui peut déranger, etc.) donnent du cachet à ce site et lui accordent une place unique et historique dans le domaine des lettres.

Vous faites mine d'ignorer ce qu'a été la démarche collective ici depuis plusieurs années, en faisant croire qu'il va de soi de raisonner par convenance et hypocrisie comme vous le faites en vous attaquant à Knight. Vous faites comme si tout s'était passé jusqu'ici autrement, selon les a priori d'un public censé partager vos préjugés sur ce qui est respectable en littérature.

Votre intervention touche le niveau le plus bas de dignité et de tenue selon l'éducation, croyez moi, sérieuse et exigeante que j'ai suivi tout au long de ma vie et de ma carrière. Je suis désolé d'avoir à vous le dire si explicitement, mais je tiens plus au flooding d'adolescent tardif d'un créateur, au scandale de mes amis artistes, des vrais artistes, qu'à votre ton autoritaire. J'aurais d'autres choses à dire, mais je prends au vol l'occasion que vous me fournissez de me conduire selon une certaine étiquette.

Pourrais-je me permettre de vous tourner encore un peu en dérision ? Connaissez-vous Gustav Mahler, le musicien ? Savez vous qu'une de ses grandes oeuvres ''Das Lied Von Der Erde'', est basée sur des boutades folkloriques de quelques ivrognes chinois, possiblement comme de rigueur, de la période Tang ? Connaissez vous Catulle ? Connaissez-vous vraiment quelque chose, avez-vous vraiment quelque chose à dire ici ?

(à 291) Cette petite enquête captieuse c'est parce que vous me voulez en mariage ? C'est ça, morveuse ? Sachez que puisque vous avez déjà lâché votre bave ailleurs à mon égard, je ne vous traiterai comme n'importe quelle épouse. Non, il faut que j'y pense qu'est-ce qu'on va faire la nuit des noces. Laissez-moi m'en inspirer. Puisque vous aimez la beaurocratie je vais vous couvrir de timbres, et puisque vous tenez au maintien de l'ordre je vais répondre au droit de cuissage et le Seigneur féodal aura quelque bout de séance avec vous, accompagnée de vinyles de Bob Dylan, qui est un pote et le vinyle en plus vous fera connaître du moins quelque chose de l'univers fétichiste. Vous serez habillée en blanc ? Dites moi, parce que je suis mauvais coloriste...
Vous me demandez vivez-vous. Vous êtes inquiète que je sois un vampire, venu de Transylvania ? Je suis andalou, ce qui est pareil. Un vampire, préparez-vous, un diable... bon, dites moi si du moins l'idée vous excite, pour que je continue de rédiger ma réponse.
(à 291, deuxième document) Je suis contre les racket aux Restos du Coeur, mais je peux vous comprendre, je vois que l'idéal pour vos fantasmes c'est un peu de mouvement au repas nuptial, mais ça je crois que je vais vous laisser organiser. Je suis prêt pour vous. Vous ferez un peu de tai chi avant. Mais je vous en prie, nettoyez les crottes de vos chiens.
(à 291, troisième document) Bandaison nuptiale. Patty Garret vs Billy the Kid. Mais démon, c'est vous qui me faites fantasmer, et vous en voulez des éléments pour pouvoir jouir avant le mariage ? Vivez-vous ? Attendez que je savoure votre message d'amour :
Question à Montero Manuel : vivez-vous de votre peinture ?
En vivez -vous ? en exposant ?
merci pour la réponse

(à 291, quatrième document) J'ai trouvé mieux. Mais il faut que vous soyez femelle, parce que sinon je me marie avec votre mère ou votre soeur ou votre cousine, je suis contre le mariage homosexuel. Quoique pour vous je ferai un effort et je sortirai manifester... ça sera chouette, comme Roméo et Juliette, en poussant une fenêtre rouillée qui s'ouvre en vous faisant basculer, nous sortirons tous les deux par la fenêtre, et pas seulement moi. Figurez vous, Juliette qui descend par la fenêtre derrière son Roméo...

mercredi 5 janvier 2011

Choix de miettes


Angie David se cache derrière les miroirs de la culture comme la gitane de l'éventail et de ses deux crotales.

Que peut rendre plus idéale le physique d'actrice d'Angie David que l'ondulation d'un murmure de radio dans la nuit ?

Marilou sous la neige, Kim, des livres que je n'ose posséder et qui sont semblables au fruit encore âpre du désespoir de mon désir.

Véra est un homonyme d'une primevère, un prénom de muse, c'est toujours une écrivaine Sibylle Grimbert. La vraie Véra est une sibylle ?

La muse du silence est ma loi, et je suis un voyou plein de ruse et de tendresse. Je sais aussi monter une scène, je suis un destructeur, je ne cache pas ma révolte mais nulle part je ferai du bruit.

Du sperme partout, voilà ce que t'ont laissé les hommes.

Neige à la fenêtre, les mains comme des pigeons meurtris, si j'avais ton cul pour une chaleur.

Mieux vaut que tu ne me regardes en dessous du visage, mes fringues ne peuvent cacher le désir.

serveur 2011

mardi 4 janvier 2011

trans blog Abelardo Muñoz (Cien años de Genet)



Pánico7en11

Cien años de Genet

Hace nada, en 1910, que nació el poeta, dramaturgo y escritor Jean Genet, uno de los iconos de la contracultura del siglo XX. Si los yanquis tienen a Burroughs, Bierce, Poe, Kerouack o Sallinger nosotros tenemos a Genet. Este francés apátrida, con aspecto de púgil como Juan Marsé, es de la banda de los Passolini, Lorca, Polansky y tantos otros creadores visionarios de un universo de libertad física y mental. Ahora se les llamaría antisistema, disidentes perpetuos, radicales en sus propuestas, trágicos y sobre todo, fieles a sí mismos.

Yo busqué, encontré y respiré la huella que dejo Genet en Marruecos, viví meses en una casa que alquilé en el barrio popular llamado Katanga, de los muchos que hay en Larache, ciudad portuaria a 80 kilómetros al sur de Tánger, en la misma calle donde él vivió su última historia de amor con el chico marroquí de Rabat que era su amante.

Esa casa fue su última morada antes de ponerse enfermo. Es un barrio sin asfaltar, entre dunas y bosques de pinos piñoneros que inclinan ante los riscos calcáreos de tierra roja que contienen el inmenso Atlántico. Genet pidió ser enterrado allí, y así se hizo, una sencilla tumba musulmana en medio de los restos del viejo cementerio español, rodeado de nichos y cruces semidestruidas, de ángeles rotos; siniestras lápidas de los jóvenes soldados españoles de la guerra del Riff.

Un lugar hermoso, al borde de la ciudad, un precipicio abismal sobre el océano frecuentado al atardecer por los jóvenes musulmanes para pelar la pava con discreción. Hace poco que el Ayuntamiento ha remodelado el lugar y ha adecentado las tumbas españolas, con sencillos túmulos blancos y la cruz. Pero Genet no tiene la cruz, faltaría más. Sigue con su sencilla tumba de tierra y con la escueta inscripción de su nombre.

Genet nunca fue un tipo cómodo en el universo de la intelligentsia parisina. Rompió relaciones con Sartre y Cocteau, viejos amigos y mentores, afirmando que lo habían dejado como una estatua. Era enemigo de lo intelectual, buscaba visceralidad, no prestigio ni gloria, estaba en la línea correcta. Marchó a África y encontró lo que buscaba.

Fue uno de sus amigos y discípulos ibéricos, el gran escritor, viajero y humanista Juan Goytisolo, quien tuvo que insistir para que hablásemos de él.

Más tarde, hipnotizado por los libros del gran Goytisolo (al que considero el “intelectual” número uno de este país) me instalé en la ciudad de Tánger donde conocí a a Mohamed Choukri y nos hicimos amigos de parrandas nocturnas. Choukri me regaló unas fotos impagables en las que se le veía a él bastante más joven con Genet en un garito de músicos gnawa, la música rifeña que Brian Jones y Paul Bowles fueron a aprender a las montañas de Abd El Krim y del hachís.

Tánger, la ciudad de un sueño, según Paul Bowles, emana la presencia Genet. Ese espíritu libre que no cree en las razas sino en las personas. Cien años después de su nacimiento el pensamiento contemporáneo más fresco le sigue debiendo mucho a Genet y su obra. Cien años después del nacimiento del mal llamado maldito Genet, seguimos luchando a brazo partido por los valores que el defendió. Jean Genet, ese tipo con cara de obrero portuario, de dulce mirada y mejor pluma, vive entre nosotros.

Abelardo Muñoz

Don Antonio


Réveillon

J'ai dit au revoir au degré zéro de la décennie chez Lasserre, avenue Franklin Roosevelt. Je n'aime pas manger des pigeons (par ailleurs emblématiques du restaurant et exposés vivants dans une élégante volière de velours et fil de fer) mais j'ai choisi d'en manger en mémoire de ce que prenait André Malraux chez Lasserre. Le serveur se souvient de lui comme d'un Monsieur le Ministre, moi j'ai en tête plutôt ses livres d'art bon marché, dont Le Musée Imaginaire, accompagnés de sa belle prose et des photos blanc et noir abondantes et pleine page. Le serveur est parfaitement conscient de ces deux approches différentes de Malraux. Je n'ai jamais trouvé, ni dans le luxe ni dans la misère, de serveur dupe. Je dirais qu'encore il est au fait plus que moi-même de la condition chez Malraux de membre des Brigades Internationales de la République Espagnole pendant la Guerre d'Espagne, et qu'il mesure mon accent dans notre bref dialogue. Ma peinture ne peut exister sans ce mélange de sagesse d'aristocrate et les moyens des hommes d'affaires. Elle n'intéresse pas les musées, occupés avec le discours théorique qui étouffe tout ce qui peut relever de l'art chez un peintre. Elle a besoin de se vendre à l'unité. Pour l'instant, je ne trouve rien de mieux que ça. Seul l'art peut placer l'individu au-dessus de la richesse, que ce soit sa richesse ou celle qui pèse sur lui comme une botte sur un cafard plein de patience. Pourquoi je raconte ça sur le fil d'un blog qui peut être soit malmené, soit disparaître au gré des intérêts statistiques ? Plutôt le capitaliser dans un journal intime ? Pour que ça se dépose, se décante, comme l'anecdote qu'un peintre laisse derrière soi ? Vous savez ce que dit mon fils ? Bon, écoutez, la guerre atomique qui me terrorisait dans mon enfance de garçon précocement politisé, la guerre atomique qui continue à faire partie des cartes du jeu, elle n'est plus rien du tout en égard de ce qui va être inventé. Le laser, imaginez que ça peut vous fendre en deux comme du beurre en été. L'amour fait pareil, vous sentez deux pièces de domino qui partent en claquant, vous sentez une épée de lumière fouiller vos entrailles. Le cerveau désolidarisé de soi-même, vous ne connaissez plus rien, ni l'objet de désir, ni ce que vous faites exactement là. Après tout heureusement que j'ai dansé. Et que j'ai ressenti le flash des corps féminins qui bougent en pure expression au rythme de n'importe quelle musique de danse. Des corps de henné et des corps d'abricot. Ils vous fendent en deux comme un laser, si vous arrivez à tomber, dépassé, sur une chaise.

*

Vieux professeur décédé

famille injoignable au Thanatos

mes amis ses fils et leur fils

non, pas les enfants, disent les femmes

et l'homme reste scindé de l'homme

le père du fils séparation hypostatique

la sorcière est à l'origine vamp

puis celle qui protège pour se nourrir dans l'ombre

l'enfant sera idiot l'homme esclave

voici le royaume païen des femmes

voici ce qui cache la pierre de l'église

maintiens toi à distance, Satan

le coq aura chanté et l'on m'aura tué

n'était ce coq le Paraclet ? celui qui renverse mes paroles

à la fin de la nuit quand je me cherche dans les ruelles

et elle attend ma guitare la chanteuse endormie

en haut de l'escalier

funérailles funérailles toujours

de moins en moins

les gens ne meurent mais disparaissent

seul connaît la grande perte l'idiot

celui qu'on exclut parce qu'il sent le mort

celui qui semble rire de l'absurde

qui pleure sans le savoir.

*

Hop, plus de mains, le laser du désir les a scindés

une coupure propre à l'extrême de mes bras

Hop, plus de tête

et pour elle, là-bas, plus de corps

Hop, plus de pieds, le laser peut tout faire

même pour marcher nous serons incapables

une fois la lumière d'amour a percé en nous

une fois la guerre a utilisé l'arme du désir

le laser saupoudre de champignons atomiques la Terre

juste pour s'amuser lui seul sépare l'inséparable

le mort du vivant, le présent du passé, le henné du fruit

le laser ne se divise en pixel ne meurt au miroir

l'amour mort ne peut mourir

ceci est la connaissance du désir, le laser.

*

lundi 3 janvier 2011

Booke upstaireth


Fair upstaires wrote a booke on men

beeing by fairie mostly the glance and the cruelty of angels

thine hand you maketh a tragic poem from thy female body

and subsequently the dramatic was

putting to death of the gigolo

la mise à mort du gigolo

strong theriacque to menly poison

those adhesive insights thaate killeth

those snakes and lions thaate haveth cutting edges

to bleed out the existence of women

(non à) la mise à mort de la femme

sublimation of monsters in the mother's soul

Those were occupations highest than deep water of time

those were the crafts of the bird, the sound

of a life's whispered state of controlled explosion

some of thaate poem of hers on my raptured

music blood of moving grounds wish to be italian

likely I thinketh on some stranger colors in faire rule

and I readeth eache eye of a dream

Juneth spread maids of a dark feather from myth

necessary to fate

set on a book is eache of mineth pulses.

*

dimanche 2 janvier 2011

Traduction flamenco en français (El Agujetas)


Yo cojo la de mi gusto

du disque de El Agujetas El color de la hierba

(traduction un peu libre mais fidèle)


Je verrai,

si elles sont si pareilles

laquelle des deux je vais prendre

des deux je vais prendre

je prends celle qui me plaît

et par le vice ce sera

les yeux paresseux de ma gueule

ont les cristaux décédés

les cristaux sont décédés

ma gueule s'est mise à aimer

et elle ne sait qu'est-ce qu'on lui a fait

les enfers où tu t'en ailles

moi je vais t'accompagner, cousine

je partirai avec toi et si tu m'accompagnes

la Gloire j'aurai emportée

+++

Les années noires


Les années noires

En littérature, comme au lit, l'on se fane avec les hivers sociaux de l'Histoire. Ainsi, vue du ciel de la mondialisation, la France, depuis vingt ans a empiré au jour le jour la qualité de son apport culturel, tout comme la liberté, les droits humains ont reculé dans une sinistre régression qui atteint un point critique dans nos jours.

Je parle vite ? Bon, vaut mieux que vous sommeillez et ne vous rendez pas compte de ce qui se passe. Si vous ne suivez pas, vous êtes sauvés, vous restez dans le jeu. D'ailleurs tout ça est venu parce que je veux vous parler de la douteuse différence d'écrire à la main chez certains, ou de le faire à l'ordinateur.

De prime abord, je suis reparti pour écrire "de la vraie littérature" à la main sur un cahier. Un moleskine, mais pas le premier, j'en avais cumulé plus d'une dizaine avant de découvrir les attraits du blog. J'en reviens à me détacher de l'ordinateur de plus en plus et passer à nouveau aux moleskine qui posent d'autres conditions d'écriture. D'en entamer un nouveau, après ces deux ou trois ans, m'a fait souvenir de la cérémonieuse ouverture du cellophane et la bande orange de ceux que j'achetais ou qui m'étaient offerts, je me suis souvenu que chaque fois je lisais souvent pour la sixième fois la notice, et même que je la lisais une fois en français, je la relisais en espagnol, anglais, italien et ainsi de suite. Mais en revanche je viens de faire un constat, je ne me souviens pas de ce que j'ai mis dessous la petite ligne fournie pour mon nom et adresse, dans la ligne "reward". J'ai la sensation que la première je l'ai remplie, mais en faisant le calcul d'une aumône, symboliquement. Après, comme je fume pour écrire, puisque ça décontracte et concentration et décontraction sont avec l'angoisse les grandes possibilités pour écrire bien, bon, avec la surprise un fou rire m'est venu à l'idée de ce qui ferait pour remplir la case "reward" quelqu'un comme NLR, je me demande même s'il n'a dû raconter par écrit ses réflexions.

Après je me suis dit, il faut pas se moquer des usagers de moleskine, moi compris, ce sont des pauvres dupes, des ingénus. Un peu le phénomène "bourgeois bohèmes", mais dans son avatar le plus émouvant, le plus digne de pitié.

Sachons qu'ils sont souvent des gens qui ont la sensation d'arriver tard à l'écriture, ou en tout cas des gens qui ont un respect presque religieux pour le produit "livre".

Je commence à vraiment prendre pour des cons les gens quand je ne suis pas sur du papier, l'écran me rend donc un peu plus rusé, plus tricheur. J'ai une plus grande facilité d'écriture (les fautes apparaissent soulignées et peuvent ainsi être corrigées, des nuances peuvent être ajoutées en parenthèse invisible) et une créativité accrue comme si je devenais président ou quelque chose d'immense. Mais toute la beauté est réduite au besoin de rencontrer des gens en tête à tête, sinon pour ce qui est du jeu littéraire je me désintéresse de plus en plus quand c'est un écran.

Dans toute culture l'art découle de la tension entre ce qu'on peut faire et ce qu'on ne peut pas faire. Rip, quand il a passé à l'atelier, m'a offert la possibilité de tourner avec une bonne caméra "quelque chose à l'atelier". Il a tout de suite ajouté "un documentaire et un entretien sur ta peinture", mais c'était trop tard, dans cette millième de seconde déjà au son du mot "tournage" une sarabande d'idées s'était installée dans mon imagination et ma boîte à pensées. J'ai même rêvé d'une orgie, dans l'interstice des deux phrases. Mais l'idée d'un cinéma klossowskien, une suite de tableaux vivants, qui est un de mes vieux souhaits, est montée en surface comme une bulle accélérée. J'ai pensé à mon Teatro de Azufre, que je suis en train de traduire avec l'aide de Marie-Agnès Michel, dans les conditions difficiles dans lesquelles nous trouvons la plupart de nous ici. J'ai vite réalisé la difficulté de construire une vraie mise en scène dans les conditions offertes par Rip, et par la situation. Mais je n'ai pourtant pas renoncé à un tournage expérimental d'une lecture à plusieurs voix, toujours ouverte à un apport plastique quelconque que je pourrais inventer, ne soit qu'une certaine manière de saisir "l'ambiance".

J'aimerais savoir si je ne suis pas parti trop loin, Rip.

Tu semblais sincère et j'ai été très touché de ta générosité.

Pour le café avec Nouchka et toi, Knight, tu peux me contacter par Rip ou par Cécile. Venez quand vous voulez.

Juline B, si tu veux venir poser comme on avait dit, c'est le moment, j'ai une commande de peindre une jeune femme qui fasse beau, débout et pas trop nue, et puisque ça va me sortir d'affaire pour un temps, je peux t'offrir une partie des esquisses pour ta collection d'art (fan art, en plus, puisque tu es dans le même cas de figure que Dahlia, chez laquelle dans le tableau se rejoignaient la belle jeune femme et l'amie écrivain, et qui était ouverte à poser pour un de ses "fans" entre les artistes). J'ai d'autres femmes en tête, pour cette commande, mais dans d'autres domaines romanesques qui n'appartiennent pas à la mouvance ELS. Dans ton mail tu disais oui au portrait, quand est-ce que tu peux venir ?

Je la lève pour que cette année soit explosive. Vive la littérature !!!

*$*$*$