mercredi 31 août 2011

Le Repas Frugal, 2011


dessin au crayon



Shemihaza donne naissance à deux fils,
Ohya et Ahya. Le premier
de ces deux frères combat le dragon Léviathan,
le second s'attaque à Mahawai, fils de Virogdad.
(...)
Aux exploits et combats des géants contre les monstres
et entre eux, succédait une gigantomachie fantastique
qui prenait fin, comme dans l'Apocalypse d'Hénoch,
par la victoire d'une tétrade d'anges
(Raphaël, Michel, Gabriel, Istraël) sur les forces
conjuguées de l'anarchie démoniaque.

Sifr al-jababira
(compte-rendu de Michel Tardieu)



Excusez-moi du dessin dans la précipitation, il se veut "notation" d'une gravure de la Période Bleu de Picasso. Ayant connu dans un vernissage une fille qui voulait se vouer au chant lyrique, mais qui avait reçu une "main courante" pour vocifération, même si sa voix était travaillée par des années d'étude et de mortification, et qui gagnait sa vie dans les bureaux qui gèrent les droits sur toute reproduction imaginable de l'oeuvre de Picasso, les minuties de l'agence et le mal qu'elle se donnerait, cet ange, à gérer un procès contre moi, m'interdissent de vous livrer un quelconque aperçu du génie espagnol. Même moi, je me suis senti contraint à faire ma copie à la va-vite et mettre en relief la distinction entre Lui et... moi.

Si cela m'a semblé opportun c'est à cause du commentaire qu'en fait John Berger dans son bouquin sur la réussite et l'échec du peintre espagnol. Je pense que la brochure anarchiste publiée en Andalousie qu'il prend pour point de départ de son commentaire est libre de droits et priée de diffusion :

"Il existe sur cette planète une accumulation infinie
de richesses qui, s'il n'existait pas de monopoles,
suffirait à assurer le bonheur de tous les êtres humains.
Nous avons tous droit
au bien-être, et quand l'Anarchie sera instaurée,
chacun de nous prendra dans la réserve commune
ce dont il a besoin.
Les hommes, sans distinction, seront heureux.
Dans les rapports sociaux, l'amour sera la seule loi."
1904

S'ensuit dans le livre de Berger une reproduction du Repas Frugal de 1904 et les lignes suivantes que je me retiens à peine de citer, tellement elle me semblent nécessaires pour vous :

"Les deux personnages attablés ici ont perdu depuis longtemps pareil espoir. Cette candeur les ferait rire. Mais (puisqu'il est vrai que les espoirs des anarchistes manquent de réalisme), qu'ont-ils gagné à ce progrès ? Que leur a apporté leur surcroît de connaissances et d'expérience ? Un profond mépris de la réalité et de tout espoir, pour les autres comme pour eux-mêmes. Aux yeux de Picasso qui les considère selon la logique de la ville européenne, leur seule valeur est de représenter l'antithèse des bien nourris. Ils ne se revendiquent aucun droit, à peine celui d'appartenir à l'espèce humaine. Ils ne revendiquent que la maladie pour flétrir la santé vulgarisée et monopolisée par la bourgeoisie. (...)"

Une autre raison pour copier ou pour "traduire" Picasso est l'éloge qui fait Gabriel Matzneff souvent de l'intérêt que des peintre cubistes et apparemment irrévérencieux comme lui portaient à visiter régulièrement le Louvre et admirer ses richesses. Je dois dire que ça m'a touché, parce que j'ai passé un total (après déduction des visites accompagné par des femmes) ahurissant de journées au Louvre et que ça me manque. Bon, si mon Montero n'est pas assez Picasso, dites-vous qu'il est temporairement Daumier (ouais, plus... "d'Orsay") comme vos artistes de pure-souche et catholiques que vous aimez tant, soyez pas tricheurs...

Après il est très facile de me faire passer à leur côté pour une sorte de Douanier Rousseau dans le Repas à son honneur organisé par Picasso, et par l'exquise intelligentsia du moment et qui est démonstrativement raconté par Norman Mailer. Mais ces gens-là "aimaient" Rousseau ? L'on ne pourra le savoir. Il est inutile de projeter notre temps sur ces gens que la parabole rend opaques. Ceux qui sont transparents sont mes amis, et même ceux de mes amis qui disent être mes ennemis... tous des amis, mon cul !!

Plus ils sont sur le piédestal de l'Histoire, moins on pardonne aux amis le mépris.

"Je ne suis pas un mirage, J'ai faim", dit un écriteau porté par un courageux mendiant agenouillé toujours, quand je le croisse, dans les faubourgs les plus chics qu'il m'arrive de transiter. La vision, le pas-mirage, la peinture.

...

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