vendredi 19 août 2011

Sur Dante XIX (les secrets du Purgatoire)




deux portraits
"géopolitique de l'autisme"
et
De Rerum Natura


(pour lire depuis le premier texte)


(pour lire le chapitre précédent)


Nous parlions de métamorphose... autant le prendre au sens de révolution (ou de cycle thymique, pourquoi pas ? ). Et puisqu'il en est du Maghreb dans la lecture du quotidien... allons chercher des poèmes, si l'on peut les ramener sagement à une démarche qui soit "dantesque" ou du moins "anti-dantesque". Voici ce que je suis en train de lire, The Witch of Atlas, de Shelley :

He kissed her with his beams, and made all golden
The chamber of gray rock in which she lay--
She, in that dream of joy, dissolved away.

3.
'Tis said, she first was changed into a vapour, _65
And then into a cloud, such clouds as flit,
Like splendour-winged moths about a taper,
Round the red west when the sun dies in it:
And then into a meteor, such as caper
On hill-tops when the moon is in a fit: _70
Then, into one of those mysterious stars
Which hide themselves between the Earth and Mars.

Il y a pas de mythe métamorphique sans trouvaille, soit la rime avec le mot "câpre", qui nécessite qu'on ait vu non pas seulement les petits fruits dont on fait l'assaisonnement des pizzas, mais qu'on connaisse la fleur inouïe, si à l'extrême de notre conception du floral, et qui ne pourrait être même pas être mise en parallèle avec l'orchidée, qui aurait pu lui rassembler. Puis le temps, la succession... she first... and then... and then... when the moon is in A FIT !!!

Si l'on pouvait parler de "suspense naturel", des intrigues de la Nature, là dedans...

Mon angoisse s'intéresse soudainement à ce qu'il y ait quelque chose (des "mysterious stars") entre la Terre et... la Guerre. Quelque chose qui s'immisce et se niche pour rester réservée au poète... Est-ce une tentation ou une épreuve de traduire cela en "français" ?

Il l'embrassa avec ses éclats, et fit toute dorure
la chambre de roche grise qui en était son lit --
elle, à l'heure où murmurent les joies du rêve, son être s'en dissoudre tel léger salpêtre vit.

C'est ce qu'on raconte, qu'elle au début fut dans la vapeur transmise,
ensuite dans un nuage, lorsque'à la diminution de la flamme, des nuages,
qui sont les phalènes aux épaules altérées de tatouages,
entourent le rouge occident où son cycle veut que Papillon Soleil périsse :
et puis un météore fugace, tel des fleurs de câpre les riches gages
en haut des collines quand les désordonne le serpent du temps,
celui qui ordonne la lune et souffle sur elle l'amidon
et la chaux d'une sphérique chemise :
alors, dans une de ces mystérieuses étoiles,
qui évitent la vieillesse et le naufrage
séantes sur l'espace obscur et pâle que l'on trouve
immiscé parmi la Guerre du destin et la Terre insoumise.

Soit cela notation d'une rencontre, la jeune femme quelque peu philosophe - au danger d'être poète, fou, pas-folle - qui passa hier prendre une bière à l'atelier et que j'ai dessinée dans les deux crayons couleurs que je montre sur le blog. Lignes et couleurs sont les tournures et les chromatismes de l'acide désoxyribonucléique, les arborescences - "calcification de ce qui est dit", j'attrape au vol sa phrase et reste avec la poudre d'une angoisse - de ses origines, de son récit familial :

Dans les lignes, foulard en papillote sur les cheveux serpentins, l'oeil comme un vol de tourterelle, la bouche compliquée et rouge comme un bijou cher...

Dans les couleurs, l'ordre est la recherche du malheur et l'on va vers la splendeur de la mort. Vert mystère, cabale séfarade, andalouse, Sienne au tissu, trame de l'orange et de la terre fine, le jeune couleur du merveilleux, brillant et caniculaire, puis le mauve, le mauresque du phobique, le féminin étouffé dans un arrière-fond pour que dans le visage de la poupée on frappe la blanche bouche de la touche du sang, artificielle et céramique.

Une sphère d'invisibilité pour entourer la lumière...

J'ai une pensée pour l'Arioste, qui est à côte, un volume entassé sur l'autre. Son italien a plus en commun avec mon approche de La sorcière de l'Atlas, et l'anglais de Shelley, qu'avec l'italien du Dante, discipliné pour une violence organisée sur le langage quotidien. L'Arioste est libidineux, flatteur, génial... Shelley est plus persuasif, son angoisse musicale fond dans le quotidien...

(vous pouvez lire la suite sur ce lien)


...

1 commentaire:

Marie-Agnès Michel a dit…

Entre les lèvres rouges d'une conversation

considérations.