vendredi 19 août 2011

Sur Dante XXI (contre tous)




Moi, le fragile, le maladroit, comme signait ses dernières compositions au crayon Pierre Klossowski (Pierre le Maladroit), voici que je deviens père, un père quelque peu gitan qui a le pouvoir de détourner le mauvais oeil, et l'on ne répond à la sorcellerie que par la sorcellerie, malédiction gitane ou sortir le démon par la connaissance du démon. Cet ouvrage était adressé, par un automatisme tel une écholalie, admiratif, à D.K., et au projet de son salon d'un colloque autour de la Divine Comédie dont je préfère ne plus donner ici des détails.


J'aimerais bien faire entendre le death metal ("progressif") qui résonne dans ma tête, mais en vous lisant Dante, ou Cornelius Agrippa, j'aimerais dessiner un cercle parfait du Mal, tel l'iranien qui se disait le sceau des prophètes et qui était peintre, et dont la doctrine même a accompagné Augustin d'Hippone dans ses années de fornication et théories sur l'art et divination. Je pourrais m'en tenir à ce qu'Augustin soit mort alors, d'une crampe coïtale, et se trouve même pas chez les hérétiques de la Commedia, mais chez ceux de son métier d'alors, celui de Manto, et que je veux opérer par la pitié du sorcier, aux antipodes de la superstition.

Cheminant à tâtons comme ceux qui font les pas sacrés de la procession, païenne ou chrétienne, viennent les sorciers :

miravil-mente aparve esser travolto,

ciascun tra l'mento e 'l principio del casso;

chè dalle reni era tornato il volto,

ed in dietro venir li convenia,

perchè 'l veder dinanzi era lor tolto.

Forse per força già di parlasia

si travolse cosi alcun del tutto;

c'était surprenant que de voir leurs torts,

chacun sur les cogitations et les traumas de leurs cas;

ouf, que leur regard donnait du lumbago à le soutenir,

quand ils devraient venir ici, vers nous, à reculons,

puisqu'ils ne voient pas ce qu'ils ont devant eux.

Que ce soit de leur indiscrétion, de leur exhibitionnisme,

qu'ils seraient retournés comme une chaussette ?




Il serait de rigueur donner la parole à Giordano Bruno, magicien qui excelle aussi dans la grande philosophie. Mais j'ai pris machinalement Agrippa et je vais faire parler la partie des damnés :

(traduction libre de l'espagnol)

L'ire et l'anxiété, le désir de se venger, produisent de la chaleur, font rougir, amertume et soit vous font chier, soit elles vous font vomir.

Je pense qu'il n'y a personne plus terre à terre que le sorcier. Des passe-passes et des portes qu'on fait claquer en sortant. La jeunesse, qui est dans les livres comme le sève dans les vieilles bonnes tables mille fois vernies, l'été venu, ses canicules, ses lunes, la vitre latente de la résine, toujours occulte par l'oubli et par la coutume, reprend sa vie disruptive et suppure des gouttelettes gluantes, au fur des décennies plus blanche, moins dorée, tel la scorie et le mercure. Réalité du Mal, Vérité du Mal, de quoi laisser Dieu et ses ensembles de harpe toqués. Ce n'est que par la magie, par l'ascèse et la guerre totale que le manichéen opère l'épuration de cette table des âges, des Trois Moments. Ou comme à été dit par d'autres : calcification de ce qui est dit, neo-baassisme, post-sionisme, la Folie Babel, la Tour du Tarot de Marseille, qui est déjà préfigurée avec l'exactitude d'un décalque par la première planche du Purgatoire de Botticelli...

(cliquez ici pour le chapitre XXII de Sur Dante)

...

Aucun commentaire: