lundi 19 septembre 2011

Sur Dante XXX (Sur Virgile et les couleurs)





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(Sur Virgile et sur les couleurs)

Deux forfaits "pain au chocolat"
id est
"oui", pains au chocolat

Et bien, cette idée "décalée" de l'agent chez Burroughs a tout pour être modèle et formule des agencements de lecture qui suivront.

Dans l'extrême hallucinatoire qui sous-tend le politique burroughsien l'agent, tout comme le prophète, travaille d'une manière tellement proche de la folie qu'elle ne peut honorablement être qualifiée que de "religieuse". L'agent travaille pour un dieu contre les dieux des autres. D'où la fonction particulière, dans la Divine Comédie, de Virgile, qui est païen.

Une idée intéressante et proche du génial est celle lancée par Tobie Nathan d'un "Parlement des Dieux". Non des leaders religieux, mais des puissances occultes elles-mêmes. Des noyaux irrationnels de la construction de l'humain. Qu'ils aient un lieu de "débat", une espèce de cirque de puces ou d'atomes, quelque chose qui pourrait enfin amuser nos enfants et leur donner l'espoir de vivre... Dans son blog, Paul Sunderland prenait cette idée en épingle pour une sottise illustrant la naïveté des "jeunes" panthéistes de gauche. Pour lui, pourvu qu'on travaille l'épouvantail d'une gauche cafard, d'une gauche réelle et catastrophique, tout peut s'arranger, s'il trouve un pantin sur lequel faire mine de boxer.




Est-ce qu'on m'a volé le paquet de tabac que j'avais sur la table ? Me voilà devant le typique dilemme du bouddhisme. Il s'agit de relativiser notre paranoïa. D'ailleurs je lisais dans le métro la Théorie de la Relativité, non ? Il se peut que je n'aie jamais posé de paquet de tabac sur cette table douteuse. Il se peut que, bien que j'aie acheté plusieurs paquets pour provision, je les aie finis avant ce que je prévoyais, ou qu'ils soient enfouis par moi-même "dans un lieu sûr"... Tout est apparence : les démons bigarrés qui m'ont pris le Soma reviendront. Et qu'est-ce qu'ils trouveront ? Un vrai Bouddha qui relativise, qui ne veut se souvenir, qui est délivré de tout karma. Tel un sage ascète dans la montagne, il les verra s'approcher confiants comme des lapins, oiseaux, cerfs et des abeilles mellifiques, il a la conscience tranquille. Mais si l'on est ainsi "agent du Bouddha", est-on vraiment à la hauteur du débat religieux ? Cela ne suffit pas, il faut introduire d'autres serments, oubliés peut-être, qui rendent la vraie relativité du Nirvana moderne. Il n'abrite aucune certitude sur sa propre obédience.

Pour ne pas être sectaire je citerai l'exilé cubain Severo Sarduy :

A partir de la relativité, rien ne peut plus nous situer : définir où nous sommes dans un espace "absolu, vrai et mathématique" - newtonien -.
Le contenant uniforme, le support infini et imperturbable des choses, est dépourvu de toute réalité; rien même ne peut garantir si nous sommes en repos ou en mouvement - à moins que nous ne tournions autour de quelque chose, ou que nous-mêmes ne soyons au centre d'une rotation circulaire -; impossible de savoir quand a lieu tel "fait d'être" : rien que des temps locaux, fragmentés, contradictoires, co-enveloppants; et des espaces variables, conditionnés par la situation de celui qui les mesure. Une seule certitude empêche la dispersion totale, le dérèglement des réseaux : c'est la vitesse constante de la lumière dans le vide, peu important la vitesse relative du corps qui l'émet, ni de celui qui la reçoit. Exception faite de cette abstraction, impossible de déterminer un point, de situer une référence.

Severo Sarduy, Barroco, traduit de l'espagnol
par Jacques Henric et l'auteur (S.S.)



Hercule, qui ayant été mortel est à présent un dieu pour le peuple de Rome, prendrait cet exposé et tout autre exposé scientifique tel un bifteck qu'il passerait dans son peu évident culte. Il a quelque chose qui rappelle le rugby maori, Hercule, non ? Je ne vois pas que l'on puisse accuser son culte d'être une "révolution orange". Il a appris la leçon de Einstein et ne peut être situé dans le spectre chromatique si ce n'est de parler de sa vitesse canonique.

Eve est venue un matin du marché à Grenade avec une statuette en bronze coulé qui figurait Hercule entouré de lions. Elle avait été séduite du hasard qui lui faisait trouver une divinité ancienne sur les trottoirs d'une ville provinciale espagnole. J'aime beaucoup cette sculpture, investie de la fascination d'Eve, mais je lui ai fait remarquer que la Junta de Andalucia avait ce dieu dans son emblème, à cause de la légende qui lie Hercule à Gibraltar, et que c'était courant d' avoir des statuettes d'Hercule dans les bureaux des fonctionnaires.

Tout ce que je sais est qu'il est un dieu gourmand quant aux offrandes, éclectique, transversal, qui peut pratiquer le bouddhisme mais qui reste garant de mon drapeau vert sur blanc et sous blanc. Vert, d'accord, j'en ai des notions, mais blanc ? Et bien, encore la parole du Divin Cubain :

Blanc ou silence cessent d'être des supports imperturbables abstraits : ils sont la réalité de l'intervalle dont s'écarte cette explosion de symboles avec laquelle ils se dilatent.

Severo Sarduy, op. cit.

Notre drapeau andalou à Picasso et à moi peut remonter aux temps où l'on parlait en langage morse. A la naissance des internationales ouvrières et "paysannes", à l'idée de prolétariat, mais aussi aux images poétiques chères au symboliste latino-américain Rubén Dario, dont celle du juif errant, que l'on trouve dans des récits d'Apollinaire et dont les divers noms sont répertoriés par le savant espagnol du XVIII siècle Fray Jeronimo Feijoo... mais son livre est resté à Grenade. La pollution était au charbon, et la tuberculose suivait...

Les premiers disques de Pink Floyd comptent avec un membre et premier leader du groupe dont le LSD25 a opéré l'exclusion et la ruine. Tellement de mystagogie à l'oeuvre qui a dû se changer en des thrènes et lamentations autour de la psychologie et de la sociologie...

Et bien, les andalous portent le deuil vert.

Le rose est aussi une couleur du drapeau mondial qui reste à découvrir. C'est l'amitié complice et quelque peu distante d'avec la démarche de la galerie qui tenait à Paris la marchande et critique américaine Deborah Zafman qui m'a fait apprécier de forme isolée cette couleur. Je vous livre un document parmi mes manifestations sur le net en 2009. Je m'exerçais à écrire en même temps en espagnol qu'en français :

...

1)
No hago arte contemporáneo. Si esto quedase claro de una vez por todas, yo me ahorraría muchos engorros. Todo se ha visto reducido a que el último y más repipi y cursi de los provincianos se quiera subir a la carreta de heno del arte contemporáneo. No se sabe nunca de qué se habla pero es como una palabra santificada, que sabe a champán. Porque la misa ahora se oficia con champán y cucharadas de guacamole. Es la palabra que sabe a éxito, aunque sólo sea un reforzador del sabor. Uno se siente increíblemente sociable, en armonía con el mundo, es como la sílaba Om.

1)
Je ne fais pas de l'art contemporain. Si cela devenait clair une fois pour toutes, je m'épargnerais plein de casse-têtes. Tout s'est vu réduit à ce que le dernier et plus riquiqui et timoré des provinciaux veuille monter sur cette charrette de foin de l'art contemporain. L'on ne sait jamais de quoi on parle mais c'est comme un mot sanctifié, qui a le goût du champagne. Parce que la messe à présent s'officie avec champagne et guacamole. C'est un mot qui a le goût de la réussite, malgré qu'il ne soit qu'un renforçateur du goût. L'on se sent incroyablement sociable, en harmonie avec le monde.




2)
Le discours moralisateur qui se cache derrière la simple idée d'art contemporain ressemble au Christ des Témoins de Jehova, donnant son sang sur des verres en plastique. La nouvelle moralité est maternelle et mortelle. C'est l'horreur de la démocratie athénienne, qui droguait les esclaves à Eleusis pour qu'ils soient des esclaves heureux. Semblable en ce sens à la Médecine, grecque et contemporaine. Mon éducation a été opérée sous ces principes, étudiant de Beaux Arts et patient à ma jeunesse, et encore, puisque ma jeunesse semble éternelle.

2)
El discurso moralizador que se esconde detrás de la simple idea de arte contemporáneo se parece al Cristo de los Testigos de Jehová, dando su sangre en vasos de plástico. La nueva moralidad es maternal y mortal. Es el horror de la democracia ateniense, que drogaba a sus esclavos en Eleusis para que fuesen esclavos felices. Parecido en ese sentido a la Medicina, griega y contemporánea. Mi educación ha sido operada bajo esos principios, estudiante de Bellas Artes y paciente en mi juventud, y aún, ya que mi juventud parece eterna.

3)
Es el caso de usted también. Ahora se presenta el punto que me interesa. ¿Ha sido ese catecismo el único principio al que hemos tenido acceso según los componentes de nuestra educación ? No habrá en nuestra cultura algo más suculento que nos pueda distraer un poco de la vigilancia del arte contemporáneo. ¿Existe una escapatoria?

3)
C'est le cas de vous aussi. Maintenant apparaît le point qui m'intéresse. A-t-il été ce catéchisme l'unique principe auquel nous avons eu accès selon les composantes de notre éducation ? N'y aurait-il dans notre culture quelque chose de plus succulent qui puisse nous distraire un peu de la vigilance de l'art contemporain. Y a-t-il une échappatoire ?

4)
Una línea de ruptura y de modernidad dentro del arte contemporáneo, que la mediatización de éste último presenta como contigua, es la bohemia semidivina de Jonathan Meese y la gente que gira en torno a Silver Bridge. Esa es la línea de ruptura, junto a la que supone el trabajo de galerista de Deborah Zafman, más recientes para mí, aunque empieza con Pierre Klossowski, su hermano Balthus, Lucien Freud, Kitaj, Barcelo, Immendorf, la Transvanguardia, Manuel Ocampo y Julian Schnabel. Pero estos últimos andaron muy reformados y vigilados de cerca, siquiera sea por sí mismos. El arte contemporáneo es un edificio mal construido en el que prefiero no entrar, desde que pude escapar cuando lo empezaron a bombardear. Amigos españoles, tomad nota. Tomad nota de las últimas yuxtaposiciones ridículas de artistas conceptuales en el museo del Louvre y en Versalles, burradas populistas, que al verdadero marginal le repugnan. Tomad nota también del trato de no poner desnudo en los fondos del Louvre alquilados en los países del Golfo. ¿Quién puede dudar del descrédito creciente del arte contemporáneo (en este caso se trata del museo contemporáneo), a pesar de las nuevas inercias del mercado?

Consumir cultura se ha convertido en un trabajo esclavista. Como ver la tele o escuchar la radio, que también son ocupaciones serviles del tiempo. De ahí que el verdadero ocio sea la inacción y esa especie de absentismo que nos hace desconectar. San Bernardo decía otium nostrum magnum est negotium, nuestro ocio es el gran negocio. El narcisimo de ese teatro de tulipanes que es internet es lo más parecido a un monasterio, a una vida contemplativa. Una y otra actitudes vienen dictadas por una especie de fatalidad. Nueva célula de la que intentaremos la fuga... Hablábamos de catecismo, y de esos lugares de catequesis que son los museos de arte contemporáneo, la solución que se me presentó fue, pues, internet. Internet era el Huerto de los Olivos y el Gólgota sucesivamente, como lo había sido la pintura. Pero hoy día el único trabajo libre que me queda es la siesta, de donde surge la afirmación de mí mismo que me hace pintar deliberadamente fuera del arte contemporáneo.

Todo había comenzado por un fragmento de Marc-Edouard Nabe, ese otro maldito, en que decía estar trabajando sobre Jules Pascin. Un pintor de la Escuela de París un poco de segunda fila, aunque se convierte en personaje novelesco con Heminghway, en otro fragmento. De fragmento en fragmento se iluminó el camino del color y del desnudo en mi trabajo al óleo, que había ya dado varias veces el canto del cisne. Desagradecido, el ojo de Orwell no consideró mi ocupación del tiempo. La pintura se volvía un producto sin memoria, sin Historia. El arte contemporáneo cegaba la fuente de mi creatividad, para presentar aplanada como una tortilla mi torre de marfil.

Me di cuenta que respetar el arte contemporáneo era hacerme cómplice de mi propia destrucción, y de la destrucción de todo lo que yo amaba, de las chispas de libertad y modernidad que la Historia había producido, siquiera fuesen de segunda fila. Me di cuenta de que se había lanzado el anatema contra la complicidad del pequeño coleccionista con su artista en forma de moralina sobre una falsa democratización en el fondo mafiosa del público. Un público sometido a amenazas constantes por las puestas en contexto del nuevo museo. Yo no podía aspirar a ocupar ese espacio indigno. La pintura se presentaba a mí como un acto de resistencia o un renunciamiento, una de esas ocupaciones tachadas de burguesas por los estalinistas, y motivo de deportación a Siberia. Pero también una patología (fetichismo, exhibicionismo, pero también ninfomanía de la modelo) a limpiar para los carniceros fascistas.

Mi amor por la libertad y los valores de la modernidad muy pronto me alejó del catecismo, todavía en plena infancia, y aún hoy me cuesta entender en los mayores el culto al orden reinante, como si su infancia hubiese sido otra, carente de los valores de libertad y modernidad. Una y otra son ideas griegas, pero posteriores a la democracia, en estados monárquicos o en imperios. No hay libertad donde no se haya instituido igualmente la esclavitud, y la modernidad se ejerce por oposición al arte contemporáneo. El pintor es libre pero, como Diógenes, no quiere asumir esclavos. Por eso el pintor se encuentra excluído del arte contemporáneo, o se le acoge indignamente, queriendo reducirlo a la moralidad esclavista según la cual todos somos iguales, pero no gozamos todos de libertad. Que no está tan mal que tú seas mi esclavo. Los esclavos son más famosos en tanto que personajes del espectáculo.

4)
Une ligne de rupture et de modernité dans l'art contemporain, que la médiatisation de ce dernier présente en contiguïté, est la bohème demi-divine de Jonathan Meese et des gens qui tournent autour de Silver Bridge. Celle-ci est la ligne de rupture, avec celle qui suppose le travail de galeriste de Deborah Zafman, plus récent pour moi, quoique ça commence avec Pierre Klossowski, son frère Balthus, Lucien Freud, Kitaj, Barcelo, Immendorf, la Trans-avantgarde, Manuel Ocampo et Julian Schnabel. Mais ces derniers ont été très réformés et surveillés de près, ne soit-il que par eux-mêmes. L'art contemporain est un bâtiment mal construit duquel je préfère ne pas approcher, depuis qu'ils ont commencé à le bombarder. Amis français, prenez note. Prenez note des dernières juxtapositions ridicules d'artistes conceptuels au Musée du Louvre et à Versailles, des âneries populistes, qui répugnent au véritable marginal. Prenez note aussi du sous-entendu de ne pas inclure des nus dans les fonds du Louvre loués par les Pays du Golfe. Qui peut douter du discrédit croissant de l'art contemporain (dans ce cas il s'agit du musée contemporain), malgré les nouvelles inerties du marché ?

Consommer de la culture est devenu un esclavage. Tout comme regarder la télé ou écouter la radio, qui sont aussi des occupations serviles du temps. De là que le véritable loisir soit l'inaction et cette espèce d'absentisme qui nous fait déconnecter. Saint Bernard disait otium nostrum magnum est negotium, notre loisir est la grande affaire. Le narcissisme de ce théâtre de tulipes qu'est internet (ne pas croire demande plus d'attention que d'y croire) est le plus semblable à un monastère, à une vie contemplative. L'une et l'autre de ces attitudes viennent dictées par une sorte de fatalité. Nouvelle cellule à laquelle nous allons essayer d'échapper... Nous parlions de catéchisme, et de ces lieux de catéchèse que sont les musées d'art contemporain. La solution qui se présentait à moi fût, puis, internet. Internet était le Jardin des Oliviers, et le Golgotha successivement, comme l'avait été la peinture. Mais à présent le seul travail libre qui me reste est la sieste, d'où surgit l'affirmation de moi-même qui me fait peindre délibérément hors l'art contemporain.

Tout avait commencé par un fragment de Marc-Edouard Nabe, cet autre maudit, auquel il disait être en train de travailler sur Jules Pascin. Un peintre de l'Ecole de Paris un peu de deuxième rang, quoiqu'il devient personnage romanesque avec Heminghway, dans un autre fragment. De fragment en fragment s'illumina le chemin de la couleur et du nu dans mon travail à l'huile, qui avait déjà donné plusieurs fois le chant du cygne. Ingrat, l'oeil d'Orwell ne considéra mon emploi du temps. La peinture devenait un produit sans mémoire, sans Histoire. L'art contemporain bouchait la source de ma créativité, pour présenter aplatie comme une omelette ma tour d'ivoire.

Je me rendis compte que respecter l'art contemporain était me rendre complice de ma propre destruction, et de la destruction de tout ce que j'aimais, des étincelles de liberté et de modernité que l'Histoire avait produites, ne soient-elles que de deuxième rang. Je me rendis compte qu'on avait lancé l'anathème contre la complicité du petit collectionneur avec son artiste en forme de moraline sur une fausse démocratisation au fond mafieuse du public. Un public soumis à des menaces constantes par les mises en contexte du nouveau musée. Je ne pouvais aspirer à occuper cet espace indigne. La peinture se présentait à moi comme un acte de résistance ou un renoncement, une de ces occupations qualifiés de bourgeoises par les stalinistes, et motif de déportation en Sibérie. Mais aussi une pathologie (fétichisme, exhibitionnisme mais aussi nymphomanie de la modèle) à nettoyer par les boucher fascistes.

Mon amour de la liberté et des valeurs de la modernité très vite m'éloigna du catéchisme, encore enfant, et même aujourd'hui j'ai du mal à comprendre chez les adultes le culte de l'ordre régnant, comme si leur enfance avait été une autre, en manque des valeurs de liberté et modernité. L'une et l'autre sont des idées grecques, mais postérieures à la démocratie, dans des états monarchiques et des empires. Il n'y a pas de liberté là où l'on n'ait établi également l'esclavage, et la modernité s'exerce par opposition à l'art contemporain. Le peintre est libre, mais, comme Diogène, ne veut assumer des esclaves. Pour cela le peintre se trouve exclu de l'art contemporain, ou l'on l'accueille indignement, voulant le réduire à la moralité esclavagiste selon laquelle nous sommes tous égaux, mais ce n'est pas mal que tu sois mon esclave. Les esclaves sont plus célèbres en tant que personnages du spectacle.



5)
Guy Debord aujourd'hui me sonne vieillot, il est un suicide, un moderne, mais aussi une bonne référence pour monter dans la charrette de foin, donc je jette par terre ses livres et je les piétine. Désolé, il n'y a plus de vrai situationnisme. Ma phrase préférée de cette période-là est "transplanter la banalité avec ses racines", et de son côté l'art contemporain coupe les racines, même quand il se réclame situationniste. Autrement dit "si l'on n'a pas de banalité" (id est : de la peinture, du grand art, aussi, pourquoi pas) alors "l'on n'a pas de racines". L'ancien situationnisme est une leçon de modernité, tandis que celui d'aujourd'hui, mimétique et châtré, nous attendons encore qu'il se rende visible. Ceux qui s'en rendent, on leur donne le choix, soit ils vont faire leur pénitence d'artistes contemporains, soit ils sont exclus des soins maternels de la critique, et l'on trouvera, sans les nommer, une loi quelconque pour les punir. Et le pays le plus hystérique, en Art, que je connais, c'est la France.

5)
Guy Debord hoy me suena a muy usado, es un suicida, un moderno, sí, pero también una buena referencia para subir a la carreta de heno, así que tiro al suelo sus libros y los pisoteo. Lo siento, no hay más situacionismo de verdad. Mi frase preferida de aquel periodo es "trasplantar la vanalidad con sus raíces", y por su parte el arte contemporáneo corta las raíces, incluso cuando se reclama situacionista. Dicho diferente "si no tenemos vanalidad" (id est : pintura, gran arte, también, por qué no) entonces "no tenemos raíces". El antiguo situacionismo es una lección de modernidad, mientras que el de hoy día, mimético y castrado, todavía estamos esperando que se manifieste. Los que lo hacen, se les da a escoger, sea van a hacer su penitencia de artistas contemporáneos, sea son excluidos de los cuidados maternales de la crítica, y encontraremos, sin nombrarlos, una ley cualquiera para castigarlos. Y el país más histérico, en Arte, que yo conozca, es Francia.

6)
Donc, je ne suis pas un artiste contemporain, mais je n'ai pas de rancune, j'ai des immenses érections aux vernissages hype, je fais des rêves érotiques futuristes. C'est à dire, peindre suppose renoncer à se reconnaître dans l'art contemporain, opaque et sans la brillance du miroir. L'on ne se reconnaît pas dans le corps d'un autre, l'on s'excite comme le chasseur au silex devant le cerf abattu. Cela nous rend très souples et faciles à manipuler, et il n'y a que la peinture pour prendre distance et gagner en indépendance.

Puisque les artistes contemporains sont toujours prêts à s'entre-dénoncer, je ne me sens du tout solidaire de leur artisticité. Un appétit féroce m'amène à vouloir les épater, les scandaliser avec une bonne érection esthétique.

Le chien dort sur la peau du tigre, et l'on se demande qui est qui dans l'extériorité de l'art, grandiose tigre vaincu, l'art est demeure du cynique. Ce sont les dépouilles de l'aristocratie. Et l'art contemporain ce sont les dépouilles de la misère.

Si j'étais modiste j'habillerais les dames des temps à venir avec des fourrures de rat. Le rat de la peste noire et le rat blanc de la médecine. Y a de quoi combiner. Et je leur fabriquerais des gants en cuir de cochon. Dans le restaurant de mon coin l'on m'a demandé pourquoi je suis si seul, ayant une table pleine de jeunettes de cinquante ans, une assemblée d'amies de Dionysos, et j'ai répondu le mot de passe "je ne suis pas en quête". Je suis un simple concubin fidèle, un prophète inaperçu, ma chanson est pour les solitudes, un infréquentable, le peintre qui veille la nuit, pendant les fêtes sportives. Je fais partie du cosmos, selon mes papiers.

"Comment dois-je m'appeler ?" demanda la première femme au premier homme. "Tu t'appelleras Eve, comme moi, et tu seras ma cousine", dit Adam, qui avait aussi le prénom de sa femme. Peindre cela demande à connaître un peu la théologie. C'est pourquoi il ne suffit pas du laïque de l'art contemporain, de sa massification. On a besoin d'une existence complexe et intérieur.

Un narcissisme clinique s'empare des masses. Il n'y a plus de lieu pour la vision, qui devient médiation du même.

6)
Así pues, no soy un artista contemporáneo, pero no tengo rencor, tengo inmensas erecciones en las inauguraciones hype, me salen sueños eróticos futuristas. Es decir, pintar supone renunciar a reconocerse en el arte contemporáneo, opaco y sin el brillo del espejo. Uno no se reconoce en el cuerpo de otro, uno se excita como el cazador del sílex ante el ciervo abatido. Ello nos vuelve muy ágiles y fáciles de manipular, y no hay sino la pintura para tomar distancia y ganar en independencia.

Puesto que los artistas contemporáneos están siempre listos para denunciarse los unos a los otros, no me siento en absoluto solidario de su artisticidad. Un apetito feroz me lleva a querer epatarlos, escandalizarlos con una buena erección estética.

El perro duerme sobre la piel del tigre, y uno se pregunta quién es quién en la exterioridad del arte, grandioso tigre vencido, el arte es morada del cínico. Son los restos de la aristocracia. Y el arte contemporaneo son los restos de la miseria.

Si yo fuese modisto vestiría a las señoras de los tiempos por venir con pieles de rata. La rata de la peste negra y la rata blanca de la medicina. Hay de qué combinar. Y les fabricaría guantes en cuero de cerdo. En el restaurante de al lado me han dicho que por qué estaba tan solo, habiendo una mesa llena de jovencitas de cincuenta años, una asamblea de amigas de Dionisos, y yo rendí la contraseña "no estoy buscando". Soy una simple pareja de hecho fiel, un profeta imperceptible, mi canción es para las soledades, un infrecuentable, el pintor que se desvela en la noche, durante las fiestas deportivas. Soy parte del cosmos, según mis papeles.

"¿Cómo me debo llamar?" preguntó la primera mujer al primer hombre. "Te llamarás Eva, como yo, y serás mi prima", dijo Adán, que tenía también el nombre de su mujer. Pintar esto pide conocer un poco la teología. Por ello no basta el laicismo del arte contemporáneo, su masificación. Se requiere una existencia compleja e interior.

Un narcisismo clínico se apodera de las masas. No hay más sitio para la visión, que se convierte en mediación de lo mismo.

7)
Este es un breve manifiesto hipnótico que les pide que repitan como un mantra la fórmula "Manuel Montero no es arte contemporáneo" o bien "Manuel Montero pinta la belleza de las mujeres" y luego los despierta con la pregunta: ¿qué tipo de arte es éste para atraerme con tanta fuerza, y que repele a mis enemigos los miedos y las obsesiones? Deberemos repetir juntos: por su dominio del miedo la pintura es moderna, por la belleza catártica es clásica. Y luego, ya despierto usted, nos abrazaremos como amigos que han superado la fascinación.

7)
Ceci est un bref manifeste hypnotique qui vous demande que vous répétiez comme un mantra la formule "Manuel Montero n'est pas de l'art contemporain" ou bien "Manuel Montero peint la beauté des femmes" et ensuite vous réveille avec la question : Quel type d'art est celui-ci pour m'attirer avec autant de force, et qui rebute mes ennemis les peurs et les obsessions ? Nous devrons répéter ensemble : de par sa maîtrise de la peur la peinture est moderne, de par la beauté cathartique elle est classique. Et puis, à votre réveil, nous nous prendrons dans les bras comme des amis qu'ont dépassé la fascination.

C'est la promenade, non ? Avec Virgile... de vierge ou de verge. C'est comme ça, qui s'exerce au tambour dans les trottoirs espagnols, avec les cheveux longs et sales, jour et nuit, entre la prière et le vandalisme, la Divine Comédie réduite à ponctuation pure et unique, des formes d'art crasses et dégoulinantes à l'assaut de la conversation du touriste ou de l'idiot, la possibilité du donjuanisme et de la sérénade sans fin, sous sa forme la plus proche de l'écriture, le langage morse avant la lettre, le panthéisme socialiste, Hyménée et lune de miel, défloraison par le rêve politique, une expression hallucinante sur laquelle devrait se pencher le nouveau musicologue sérieux.

Ouais, il ferait bien de se pencher, le musicologue sérieux, sur le problème de la quête d'espace par le vrai unplugged, par la misère, et au limite par la coupure d'une volontaire ignorance, chez le musicien.

On aurait des critiques dans les blogs sur les furtifs concerts dans les rames du métro parisien. Quand, par exemple, la grandiose Erika (ou c'était un mirage ?) et sa troupe tzigane ont fait irruption dans un wagon avec une vitalité qui ne rabaissait d'un millimètre ses concerts dans des lieux branchés...

Ou cette dame arabe qui porte tous les attributs de la vieillesse et de la pauvreté, mais qui parcourt une autre rame avec des chansons improvisées comme celui qui se lève d'une sieste d'amour, chouchouté par la fortune, dans un français intuitif et estompé qui peut vouloir dire tout simplement un ronronnement de pensées douces qui filent...

Or il n'y aurait d'autre soufisme que celui du mendiant, si on la compare avec les néo-soufis (à l'extrême du ridicule et de la dangerosité s'ils sont anglais) assoiffés d'argent et de luxe, et qui seront toujours du toc à la première phrase...

Et sinon cet autre, dont la jeunesse ambitieuse rendait un penchant vers la timidité, qui chantait avec une petite équipe solo devant le Café Flore à minuit des chansons en anglais où l'on ne comprenait (et je fumais à côté) que le mot "rose"... Ouais, il y en a qui sont mieux renseignés. Il faut quelque chose pour l'ambiance à Saint Germain des Près. J'aurais pu chanter l'accompagnant, moi. Je suis sûr qu'il lui manquait la touche espagnole de ma part. Je sais pas encore ce que peut être son degré de souffrance, pour marcher si bien. Moi, on ne comprend même pas "rose" quand je chante. Normal, lui ne branche pas "chanson de peintre". Je lui demanderai de poser, je pense, si je dois peindre une crucifixion, il faut épingler la beauté parmi nos dévotions.

Ce sont les leçons du métro parisien et de l'Alhambra de Grenade, mes promenades les plus réitérées, la Divine Comédie dans laquelle je pourrais vous guider (et vous perdre, c'est le but) si vous cherchez une Béatrice, une faiseuse de bonheur... Sinon, Paul Sunderland ferait bien d'apprendre d'abord à jouer le tambour à Grenade.




Du coup semble-t-il qu'il était aussi question de couleurs, non ?

(je pense que vous pouvez lire ce qui se suit sur ce lien)


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