mercredi 19 octobre 2011

Exposition PATIENCE TISON - À PARTIR DE VENDREDI


photo : Eve Livet
au vieil atelier de Pierre Klossowski
où Patience Tison (à droite)
peint et dessine
le chat derrière moi est joueur et mon préféré
- sur le tableau, Caramel, le chat mélancolique
contre le mur, un plâtre balthusien fait à Chassy
quand Patience avait vingt ans

A partir de vendredi :


Exposition de sculptures et peintures de Patience Tison à la Galerie Art et Société. Adresse : Galerie Art et Société, 19 rue du Pont Louis-Philippe Paris 75004, M° Saint-Paul.

Elle a dans son dessin, dans son stricte pratique de la proportion, quelque chose qui fait penser à Luca Signorelli. Elle a quelque chose de Balthus. Elle a quelque chose (l'implantation des cheveux, dit-elle... moi je dirais l'humour et l'intelligence que ce soit pour poser ou pour juger du hasard de la vie) de sa grande-mère Denise Klossowski (Roberte dans les dessins et les romans de Pierre Klossowski). The naming of cats... Ouais, la science-fiction dans toute son hallucination à travers la musique de David Bowie et du LSD25. Finalement elle a quelque chose de Pierre Klossowski, qui fit ses premiers critiques élogieuses de jeunesse au Marquis de Sade et qui un jour pratiqua sur elle un exorcisme appris au couvent pendant la Guerre Mondiale, dans ce que donnerait son roman La vocation suspendue, et c'est non seulement l'usage du crayon couleur, mais l'hérétique idée du tableau en tant que simulacre.


Ecrire sur l'Art ne vaut la peine que pour en dire quelques vérités. Et ci-faire dans un pays qui écrase la population - avec la mauvaise foi de dire qu'il ne fait que de l'assistanat - jusqu'à nous faire tous intérioriser la censure au nom d'une survie élémentaire, est de l'ordre de l'action directe, facilement convertible en "passage à l'acte" flagrant pour la bureaucratie médicale, autoritaire et efficace entreprise mi-privée-mi-publique.
Des petits bonhommes dignes au comble du désespoir pètent les plombs tous les jours, comme ce monsieur qui a fait une prise d'otage (la première, je commence à compter) au Pôle Emploi, avec une arme factice, risquant sa vie et s'exposant à être traité comme un délinquant. Ou cette professeur de mathématiques - matière qui demande quand-même de penser un peu - qui s'est immolée au feu, qui s'est suicidée. Pourquoi on bascule toujours vers le suicide et non pas vers une action révolutionnaire, ou artistique (qui soit pas minimal, qui dise notre rage), quand on a fait l'Université ?
Disons qu'il n'est pas hasardeux qu'une artiste formée dans la tradition familiale des Klossowski (Pierre et Balthus, tous deux bien "en odeur de soufre" et figuratifs, rien de décoratif et insignifiant de quoi vider la tête), soit justement exposée chez les maudits de la politique : les communistes, sur lesquels on tape avec plus d'aisance et d'impunité que sur les nazies (avant on mettait, à cause du stalinisme, les uns et les autres ensemble, mais à présent, compte tenue que Hitler est tellement populaire, et qu'on entend dire de son pote fasciste ultra-catholique Francisco Franco "qu'il avait beaucoup aidé les juifs" (tu parles...) on tape juste sur les pauvres communistes français, qui ont quand-même fait le plus gros boulot dans la Résistance - avec aussi les anarchistes - et qui à présent sont peu nombreux et, puisque seniors, facilement classables "ringard" dans l'imaginaire du conditionnement au vote).
Patience Tison est accueillie par la Galerie Art et Société du Parti Communiste. Auquel personne ne l'a forcé d'adhérer, ni elle, ni moi quand j'ai à mon tour, début d'été, exposé chez eux. Ils savent que les artistes, nous subissons déjà assez, quand il arrive que nous déboulons chez eux... Bref, pas de jeunes loups souriants, pas des chiens de garde pleins de bonne conscience, pas de requins... et par là je veux rejoindre la condition artistique marginale de Patience Tison en tant que sculpteur et peintre. Je m'étais retenu, jusqu'à présent, de faire état de la réaction du milieu des galeries au travail de la petite-fille, ou fille carrément si je peux me permettre l'impertinence, des Klossowski. Bienveillance hypocrite, mépris, ignorance totale de ce que c'est la connaissance pour une fois vraiment aristocratique des traditions et des matériaux du Grand Art... Fille non reconnue, des possibles affaires d'héritage très lourds conseillent de ne pas s'intéresser à sa peinture, on regarde le topo et on décide froidement de se dire dégoûté : les jeunes loups de la hype, les requins du contemporain s'indignent sur le ton suivant (je vous épargne le nom, mais j'invite à recevoir une tarte ce type qui m'envoyait des invitations pour visiter sa galerie et qui me pardonnait la vie en me disant que je ne cadrais pas avec son approche de l'Art Brut) :

(ici, en cliquant sur la phrase en parenthèse, mes deux premiers textes sur Patience)

Cher Manuel, Je t'ai lu avec intérêt, beaucoup d'intérêt, ce que tu écris. C'est souvent joliment, donc justement, nuancé. Mais j'ai senti comme un hiatus entre la qualité avec laquelle tu mets en lumière les travaux de la bien-nommée Patience et la qualité des travaux en eux-même. Je ne suis pas du tout réceptif à cette forme d'onirisme graphique et pour tout dire je pense qu'elle n'a pas encore trouvé sa voie (x). En tout cas, elle a trouvé en toi un avocat de choix. Bien cordialement,

(lui)


Et bien, je te réponds ici, pour pas envoyer, comme tu fais, du spasme sur ta boîte personnelle :

Ecoute :

Ce jeu si imaginatif entre voie et voix, il faut dire que tu es un génie du concept : quand, primo, on est dans un cul de sac et, secundo, on a la gorge serrée par une loi du silence.

Merci, chéri, mais ne crache pas ton (x), ton hic, ton hoquet (puisqu'on se tutoie) de buveur de pisse de cheval de police, ou de chien de police, de pipi de chat de psychiatre, tous les trois du liquide et de l'or, des valeurs sûrs puisque ça se boit partout de même et ça s'assimile vite. L'ivresse du convenu t'es montée à la tête, j'espère que tu vas péter et que bientôt tu pourras peindre des tableaux pour ta galerie "spécialisée". J'imagine que tu sauras le prendre comme un compliment si je te dis que tu es une merde humaine.

Manuel

Excusez-moi, on devrait tous se défouler autrement dans la vie... sur le président, enfin, je sais pas. Mais respectons la police et ses animaux, respectons les galeristes... Les riches et ceux qui portent des armes, enfin, le respect à la française : la peur du flic. Si l'image internationale de la France était son vrai visage, je commencerai à devoir être évasif sur le fait que j'habite Paris.

Je ne suis pas le seul qui commence à déconner, c'est ce que tout artiste révolutionnaire (communiste ou anarchiste, ou franc-maçon comme vous, cher lurker, ou nihiliste juif, ou black panther, ou "démocratie réelle" espagnole ou "idem" arabe) devrait se dire.

Dessolé, Eve et Patience, et les camarades communistes qui tellement me rappelez mon passé espagnol, j'ai écrit tout ce qu'il fallait pas écrire, parce que je vous aime.

Vernissage ce vendredi chez les communistes (je suis anarchiste de salon et j'ai été bien reçu toujours malgré le double lapsus de nul pour la révolution)

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