vendredi 9 août 2013

Intimités au Festival Off d'Avignon (photos Manuel Montero et Catherine Gil Alcala, retouchées par eux)



Ah, j'ai cru reconnaître, au passage des contemplation amoureuses, le corps de Kiki de Montparnasse... N'empêche que j'étais là bas, à la ville attardée d'Avignon, en compagnie d'une diva, qui distribue ses prospectus comme des gages platoniques, depuis le poste de bouderie d'une terrasse. Les personnes magnétisées ne pouvaient que courir prendre ce qu'on leur tendait, sachant unique l'instant...







Dans la ruelle du théâtre, dans le théâtre de la ruelle, les loubards copulent, gonflent des bicyclettes, vendent de la came... Les filles de réception se submergent dans une langoureuse paranoïa. La nuit impose ses pauses.






Nous maudissions la ville devenue, le double son du goût métallique du siècle... La vie du sexe se passa dans le climat d'orage de la canicule; mollesses, amour molaire, moléculaire, puis la conversation des amants, chacun artiste exclusif. Les dernières photos de mon ex arrachées de mes livres de collages dans une nuit de rage (j'avais déjà découpé au ciseau les premières). Les raisons sont dans la journée qui précède et qui a été spécialement électrique. Nous avons parcouru Avignon en distribuant des invitations et en essuyant le mépris des ignares et des éternels sycophantes du terroir. Nous sommes passés à l'amertume, plutôt moi, qui me suis mis à me plaindre que je voulais m'allonger quelque part. Puis dans un échange de reproches nos délires (phobiques les miens et plus tenaces) ont fait qu'on se parle au milieu de la multitude et dans les ruelles citadines en haussant de plus en plus la voix. Elle se défendait des fantasmes que j'avais affiché auparavant partout sur la Toile à son sujet, nés de ma peur de ne plus être des siens. Papesse, elle était aussi figure de dansante classique qui déclame des plaintes. L'orage a éclaté, la pluie était comme un mur qui nous murait dans une irrespirable épuration. Elle disait que c'était impossible qu'elle soit comme je la voyais dans mes cauchemars et me disant : "c'est ça que tu veux de moi ?" ses mains ont lacéré sa gorge et sa poitrine, faisant de longues griffures, c'était trop tard pour prendre le bus pour la banlieue campagnarde et on s'est trouvés sous les murailles liquides aux portes solides de la muraille solide de la ville, la route devant nous. J'ai crié elle aussi et j'ai appelé ma psychanalyste, puis les pompiers. J'ai raconté aux pompiers que j'aimais Catherine et ils m'ont demandé de passer le mobile pour voir qu'est ce qu'elle avait à redire. Elle leur a raconté un rêve, point de départ de mes phobies. Ils ne voulaient pas venir nous marier. Je disais que je n'était pas sûr duquel des deux avait besoin de l'écoute d'un psychiatre, elle ou moi, mais j'ai insisté que c'était un cas désespéré. Le pompier au bout du téléphone, captieux, me demanda si c'était pas un transport gratuit que j'étais en train de demander et a raccroché. Elle a disparu et au bout de quelques éclairs elle est réapparue entre les rideaux lourds de pluie, sans me regarder. Je l'ai suivie. Puis on était à l'extérieur, sur le pont, et des dames passaient à qui on a demandé d'être juges de notre litige. Le rêve a été raconté encore, ce qui selon les kabbalistes le dilue et le rend anodin. Les dames nous questionnaient, surprises par notre histoire bizarre. Puis nous nous sommes mis à marcher sous les éclairs qui parfois tombaient à nos pieds, on ressentait leur décharge dans les jambes. Les routes de campagne étaient noires et indiscernables, nous marchions avec l'eau jusqu'aux chevilles et plus haut, et nous prenions des intonations audibles dans nos répliques. Arrivés au manoir, la nuit avancée jusqu'à presque l'aube, j'ai reçu sur mes flancs les traces des ongles de Mélusine, et elle a vu pieuse, le matin, qu'elles cicatrisent plus tard pour moi, tandis que dans sa poitrine elles rajeunissent la peau comme les sacrifices de la comtesse sanglante.


J'ai eu la veille du départ un échange de coups avec un colocataire, qui sentant ma main plantée sur son visage le ridant comme un fruit pourri, une fois revenu à soi, m'a répondu d'une gifle violente en envoyant mes lunettes par la fenêtre. Catherine a appelé les flics qui sont venus nous calmer et prendre acte du duel et j'ai réalisé que le visage du colocataire était celui du Christ.

1 commentaire:

Unknown a dit…

Catherine Gil Alcala Aubervilliers le 5 septembre 2013
38 rue Henri Barbusse
93300 Aubervilliers

Lettre recommandée avec accusé de réception
à l'intention de Manuel Montero, 11 impasse des Souhaits (atelier 5), 75020 Paris

Suite à vos diffamations, atteinte à ma vie privée sur Internet et ailleurs, et faute de pouvoir convenir d'un accord respectueux et rationnel concernant le travail que nous avons fait en commun, je vous interdis formellement de diffuser nos œuvres (vidéos, photos, textes, bandes son, etc.) et vous avertis de cesser immédiatement vos diffamations et atteinte à ma vie privée.
Je vous fais remarquer également que ce travail est inachevé par votre propre refus et non présentable en l'état au public et que j'ai gardé la copie de vos diffamations sur Internet.
Je ne souhaite pas pousser d'avantage le conflit ni aucun rapport avec vous, mais si vous continuez dans cette voie je serai obligée de me défendre via le tribunal de justice.

Catherine Gil Alcala